Une trilogie chopée au hasard de mes errances.
Il y a du mystère. C'est d'ailleurs le principal moteur narratif hélas. L'auteur décide de défaire son histoire, de secouer les morceaux et de tout remettre sans se soucier de l'ordre. Bon, ce n'est pas mis n'importe comment, mais ça reste une technique narrative qui m'agace. Surtout que l'histoire en soi est intéressante et que créer un tel suspense, c'est comme si l'auteur n'avait pas confiance en son histoire et surtout ça empêche d'approfondir certains éléments : forcément, ça doit toujours bouger, on ne reste jamais plus de trois pages sur un moment, il faut passer à un autre point de vue, plus tôt ou plus tard dans la chronologie du récit. C'est encore plus triste quand on constate que certaines scènes n'apportent pas grand chose. Mais bon. Tout cela mis à part, je dois avouer que je me suis pris un peu au jeu. L'histoire m'a paru fade, surtout dans les vaines tentatives de créer du suspense, mais il reste un mystère intéressant et cette quête du présent qui permet d'avoir des attentes. J'espère que les albums suivants respecteront l'ordre chronologique, mais j'en doute... dommage car j'ai envie qu'on approfondisse tous ces personnages, toutes ces situations.
Graphiquement, je m'attendais à ne pas aimer et puis finalement j'ai apprécier ce style à la fois minimaliste et jeté. Je regrette juste qu'il n'y ait pas de masses de noirs. Surtout que les couleurs, bien que correctes en tant que base, sont finalement trop fades pour un produit final : le manque de masse de noir à l'encrage aurait pu être remplacé par un jeu de couleurs plus aprofondi, des ambiances lumineuses plus travaillées. Ce qu'il manque surtout, c'est de contraste. Les personnages, sont correctement dessinés, dans le sens où par moment, l'auteur se permet de dessiner plus finement, de manière moins brute, alors qu'à d'autres, les visages manquent un peu d'expressivité. Les corps sont mieux représentés, les décors sont suffisamment bien dessinés pour rendre le tout vivant. Le découpage de l'action est bon, les cadrages aussi. Juste que par moment, lors de dialogues, notamment, on retrouve le syndrome commun à énormément de dessinateur de BD, celui de la case folle qui consiste à placer sa 'caméra' n'importe où dans l'espoir de dynamiser une conversation. Ainsi donc, les personnages parlent, et puis, sans raison, on filme l'extérieur, ou bien en plan très très large, et ce sans que rien ne vienne justifier ce choix esthétique. La course de voitures à la fin aussi n'est pas totalement convaincante : si la voiture renversée est belle à regarder, les moments où ça tourne sont trop rigide (que ce soit un plan de l'intérieur ou de l'extérieur).
Bref, j'ai quelques réserves, mais au final je ne me suis pas emmerdé devant ce premier tome. J'espère juste que le scénario sera un peu plus construit, plus linéaire et que les couleurs seront un peu plus travaillées.