Profitant de la sortie du film The Dark Knight Rises, Urban Comics a capitalisé très tôt sur le personnage de Catwoman en éditant la série issue du reboot de 2011 ainsi que le célèbre run de Brubaker. Cela dit, malgré le sujet commun aux deux titres ils demeurent complètement opposés sur le plan qualitatif.
Conceptuellement parlant, Catwoman n'est pas un personnage compliqué à écrire. Vous pouvez en faire une Arsène Lupin, une Robin des Bois, une Mata Hari, une féministe active ou encore une défenseure des animaux que ça sera toujours Catwoman. Son caractère ambivalent peut l’amener à côtoyer aussi bien les gentils que les méchants de l'univers DC. Et sa nature féline apporte une dose de charme non négligeable qui pourra compléter les scènes d'action ou d'émotion sans que cela paraisse hors de propos.
Maintenant, même si les possibilités sont vastes, il y a quand même quelques facteurs à respecter. Sélina Kyle est une femme forte qui met son genre à l'honneur dans un univers essentiellement masculin. C'est également une femme intelligente qui, bien qu'instinctive, sait faire preuve de finesse. Bref, vous l'aurez compris, il ne suffit pas d'être belle et en latex pour être Catwoman.
Et pourtant c'est ce que cette série n'aura de cesse de nous montrer.
Si j'étais mauvaise langue je pourrai dire que, vu la conclusion du premier chapitre, c'était couru d'avance. La Catwoman des New 52 ressemble plus à un fantasme qu'à une (anti?)-héroïne.
Exit sa force de caractère et sa personnalité battante, cette nouvelle version mise tout sur le charme et l'audace confinant souvent à la stupidité. Exit les idéaux qui lui donnaient de la personnalité ; la nouvelle Sélina Kyle vole pour se payer du champagne et des masseurs thaïlandais à domicile. Exit la romance conflictuelle avec Batman qui se résume à présent à de simples rapports sexuels.
Sur les deux tomes que j'ai lu, l'auteur insiste tellement sur le sex-appeal et le côté "fais ce qui me plait" de Catwoman qu'il finit par rendre son personnage totalement improbable. Le cocktail est même doublement dangereux car il déplace tout l'attrait que l'on peut avoir à son égard sur sa simple plastique. Ainsi, même lorsqu'il lui arrive des bricoles on n'a jamais vraiment de compassion à son égard car les seules choses qui finissent par captiver le lecteur sont ses décolletés et les postures improbables qu'elle adopte à tout bout de champ.
Malgré tout cette série a du rencontrer un certain succès puisqu'Urban l'a publié dans son intégralité (alors qu'il n'a jamais édité la fin du run de Brubaker !!). Peut être que la pilule passe mieux chez les nouveaux lecteurs qui auraient moins d'aprioris sur le personnage ?
Mais même en admettant que vous adoptiez le côté bimbo de Catwoman, je doute que vous soyez vraiment convaincu par ce qui fait office de scénario. Les quelques intrigues que l'on retrouve dans les tomes 1 et 2 ne volent jamais très haut et leur conclusion intervient toujours de façon lapidaire.
En définitive ce comics m'a pratiquement fait revivre les traumatismes du film Catwoman tant il reprend nombre de ses travers.
Si vous êtes attirés par le charme et le latex, ne vous laissez pas piéger par les couvertures affriolantes et lisez Sunstone (qui est d'ailleurs une très bonne série !).
Pour les amoureux du personnage, optez sans hésitation pour la version de Brubaker ou pour le récit Catwoman à Rome (disponible dans le recueil Des Ombres dans la Nuit).