Que dire ? Que dire lorsqu'on verse une larme pour un personnage de papier ? Que les symboles nous touchent, que parfois même ils nous construisent, du moins dans notre représentation du monde et de nous même. Steve Rogers est une icône. Des comics et au delà. Aucun plaisir ne sera gâché à mes lecteurs si je dis qu'il meurt dans cet opus, puisque c'est son sous-titre. C'est aussi la mort d'une époque. La mort d'un idéal. Car, oui, Captain America représente un idéal et est également un symbole. A l'inverse de l'Amérique d'aujourd'hui souvent haïe de par le monde, il est de celle du début, celle de la Déclaration d'Indépendance, celle du partage du repas avec les Indiens, celle en laquelle, peut être seulement une centaine, voire une dizaine de femmes et d'hommes croyaient. Celle qui n'a existé que trop brièvement ou peut être même jamais. Il disparait donc et tout l'univers Marvel le pleure. Car c'est un soldat et la guerre est finie. Il n'a donc plus lieu d'être et il le comprend, semble t-il. Les combats qui restent ne sont que des fausses guérillas pour le profit. Il le sait. Nous le savons aussi car nous vivons la même chose, dans notre réalité. Nos idéaux sont devenus des illusions. Il meurt aussi car le mirage de ce qu'aurait pu être l'Amérique a disparu. C'est celle de Tony Sark qui a triomphé. Une Amérique de lois qui justifient toutes les privations de liberté, qui dénigrent tous les sacrifices faits par les femmes et les hommes d'un pays libre. D'ailleurs il y aussi ici le défaut de sa qualité : le passage sur les exploits du Cap semble encore essayer de nous faire croire que les Etats-Unis auraient eu un rôle décisive en arrivant tardivement dans la Seconde Guerre mondiale ! C'est beau la foi et le roman national à l'ancienne. Faudrait voir ce que les Russes en pensent …
Ce n'est donc pas ici l'histoire qui l'emporte, même si elle est bien ficelée, en cela le tome 2 est supérieur, mais le sujet, ses implications et pour ceux qui aiment le personnage et ses valeurs, l'amertume ressentie au moment fatal. Et pourtant, en refermant la couverture une drôle de sensation surgit : et si quelqu'un allait prendre la relève ? L'esprit est toujours là, prêt à revenir dans la lumière. En conclusion : vivement le film !