Années 80 : la "BD pour adultes" franco-belge a pris son envol, et Glénat s'impose comme l'un des éditeurs les plus actifs en publiant à tour de bras de la BD d'aventures "historiques", c'est-à-dire en restant dans la tradition de la BD pour enfants / adultes, tout en y injectant un peu de violence, un soupçon de sexe, et des intrigues plus complexes. Honnêtement, il n'est pas facile à l'époque de séparer le bon grain de l'ivraie, tout cela se ressemblant plus qu'un peu : personnellement, je fais à l’époque le pari des "7 Vies de l'Epervier", que je ne regretterai pas, mais passe complètement à côté de ces "Aigles Décapitées" (pourquoi ce féminin ? Je ne peux que supposer qu'il s'agit d'un terme d'armoiries). 30 ans après, l'intrigue de la "Nuit des Jongleurs" tient encore bien la route, même si elle est un peu longue à démarrer : ces luttes de pouvoir dans un monde médiéval ne se sont pas démodées du tout, il suffit de penser à "Game of Thrones". Non, la limite de cette saga, du moins au niveau de son premier tome, c'est la faiblesse du dessin, à la fois très (trop ?) classique - on est loin du travail d'Hermann par exemple, sur les "Tours de Bois-Maury" - et assez flottant, avec des personnages à la caractérisation incertaine, changeant de visage d'une page, voire d'une case à l'autre. Pire, on peut trouver la construction des cases encore peu lisible, avec trop de bulles venant phagocyter l'espace, surtout dans la première partie du livre. Défauts de jeunesse, sans doute... En tous cas, on est prêt à faire un bout de chemin avec nos héros, intrigué que l'on se trouve à la fin de ce premier tome, par le potentiel du récit. [Critique écrite en 2015]