J'aime bien Boulet, j'aime bien Pénélope Bagieu. Je lis leurs blogs bédés régulièrement. Leur humour est différent et je trouvais leur collaboration un peu incongrue. J'ai donc feuilleté la Page Blanche. Et je l'ai refermé aussitôt. Le style graphique de Bagieu est beaucoup trop lisse sur du papier glacé et sur Internet je trouvais ses dessins plus agréables car plus vifs et moins apprêtés. Mais bon, je suis revenu à ma lecture quelques jours plus tard, histoire de.

C'est donc l'histoire d'une jeune femme assise sur un banc et qui n'a aucun souvenir de qui elle est ni de ce qu'elle fait sur ledit banc. Pourquoi a-t-elle subitement perdu la mémoire ? Qui était-elle avant ? Ça c'est pour le pitch. Rapide, simple et efficace. On trouve le résumé sur le quatrième de couverture déjà.

Et dans les pages du livre, on nous raconte la quête de mémoire. Sauf que ce n'est pas très intéressant. D'abord, l'héroïne n'est pas très attachante, ce qui pose un problème assez singulier : sa vie antérieure, reconstituée par bribes n'est pas fascinante ou intéressante pour un sou. On va la trouver tantôt fade, tantôt superficielle. On ne la regrette pas un seul instant (c'est un peu l'idée de l'histoire sans spoiler quoi que ce soit). Mais l'héroïne amnésique, celle qui découvre l'autre ancienne "elle" en même temps que le lecteur est très difficile à aimer. Elle n'est pas très futée : on devine - avant elle et souvent - les solutions des mystères qu'elle monte en épingle artificiellement (qui est Chester est par exemple un truc que l'on grille plusieurs pages avant elle). Résultat, on la voit se débattre dans des mystères qui n'en sont pas. Énervant au possible. Pourtant, c'est dans les moments où son imagination va vraiment dans tous les sens, quand elle s'imagine ex-espionne, fiancée avec un américain anonyme par exemple que l'album s'envole. Il retombe cependant rapidement dans une histoire plan-plan et sans grand intérêt.

Bref, je suis assez déçu par cet album. Le découpage des séquences est intéressant. L'histoire était prometteuse. Il y a d'excellentes idées et un ton parfois mordant. Mais tous ces éléments ne sont pas bien liés entre eux et la mayonnaise a du mal à prendre. On finit le livre avec la sensation que tout ça était bien trop long et trop lent. La conclusion du livre fait sourire mais pas pour les bonnes raisons. C'est décevant au possible et cela fait un peu de la peine de voir que Boulet et Bagieu voulaient en arriver là. Car il y a un travail considérable dans cet album. Bagieu a beaucoup parlé de cette bande dessinée sur son blog - justifiant l'absence de mise à jour par son travail sur l'album. Mais cela ne suffit plus de nos jours j'ai l'impression. Il y a trop de bande dessinées exceptionnelles. Celle-ci n'en est pas une. J'espère que Boulet et Bagieu collaboreront à nouveau ensemble, histoire de voir de quoi ils sont vraiment capables.
Hameçon
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le 1 févr. 2012

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