Si vous regardez des documentaires sur le juge Falcone et les maxi-procès des années 1980-1990 contre la mafia, on fixera rapidement l'histoire autour de quelques grandes figures de mafieux : Toto Riina, Butate, histoire de faciliter la narration. On ramènera tout à la figure de Falcone.
Ce n'est pas le cas de cette bande-dessinée, qui ne vous prend pas par la main, et qui comporte d'ailleurs un index biographique de plus d'une dizaine de pages, fort utile pour suivre les affaires. Vous allez plonger en détail sur les débuts des investigations sur la mafia, vous verrez aussi les petits soldats. C'est très documenté, et le livre est en soi une somme. On ne va pas se mentir : vous vous sentirez un peu perdu dans les cinquante premières pages, mais vous ne regretterez pas le voyage.
Le parti-pris d'utiliser des animaux antropomorphes permet de mieux saisir les différentes familles de mafieux. Tout le reste suit les codes du photoréalisme et du polar des années 1970, dans un cadre sicilien non pas idéalisé, mais ultraréaliste, qui se réapproprie des images d'archive.
Bizarrement, c'est la fin du récit, lorsqu'on se fixe davantage sur la personne de Falcone, qui présente à mes yeux le moins d'intérêt, dans la mesure où il y a le piège de la dramatisation du destin-dont-on-connaît-la-fin. La BD ne tombe pas dedans, mais l'évite de peu.
La pieuvre retrace l'histoire d'un moment exceptionnel de la lutte mondiale contre le crime organisé.
Ce livre est une magnifique démonstration de ce dont est capable la bande dessinée en termes d'éducation.