Cycle Fort Navajo - Les Premières Guerres indiennes 5/5
Le dernier acte de cette pentalogie est en demi-teinte. Dès les premières pages, les couleurs sont criardes, saturées ; c'est pour la première fois Giraud qui est aux pinceaux pourtant (est-ce à mettre sur le compte de l'édition de 2019 ?) Le dessin semble moins maîtrisé, parfois brouillon, à l'image de la planche 28 où Blueberry se balance sur une corde et la paroi, qui était à sa droite, apparaît soudain à sa gauche (cases n°4 et 5), avant de réapparaître à sa droite (case n°6). Plus loin la scène du wagonnet m'a perdu. Et que dire de Crowe déguisé en Village people (!?) ou de ces pages "baveuses" au trait gras et grossier (planches 13, 14, ou 43 par exemple). Toute l'expédition dans la mine est trop longue au regard de l'espace consacré à l'assassinat de Crowe et à la rencontre entre Blueberry et les indiens. Les pourparlers auraient gagnés à être développés, j'aurais voulu lire ça, j'aurais voulu entendre Nez-Cassé argumenter, justifier son acte pour le moins audacieux d'avoir détruit les armes. Le duel entre Blueberry et Quanah (véritable apothéose de l'affrontement entre les deux hommes depuis trois albums) méritait plus de 6 cases (même si nous ne sommes qu'en 1968 et que la loi sur les mœurs constitue un couperet). Néanmoins, il faut admettre que le lecteur de 1968 est un enfant, pas l'adulte qui relit Blueberry en 2020. Il faut avouer aussi que le récit file, se lit comme on suit une traînée de poudre. Enfin, il faut noter le découpage qui prend des libertés, et des planches superbes (17 à 20, les jayhawkers et Blueberry dans la pénombre). J'en aurais voulu plus encore !
LE PITCH avec spoilers : Blueberry, Crowe et MacClure sont sur la piste des apaches et leurs alliés (leur réunion donne lieu à l’appellation Navajos dans le titre de l'album mais ils ne sont pourtant jamais appelés ainsi dans l'oeuvre). Les indiens attendent les armes des mexicains, Quanah y veille. Crowe laisse ses deux compagnons en arrière pendant qu'il va parlementer avec Cochise. Le chef apache indique au téméraire métis que les armes sont en route et qu'une fois en possession de celles-ci il sera impossible pour Cochise d'arrêter l'engrenage et la guerre. Il accepte cependant de rencontrer le lieutenant Blueberry, et donne à Crowe, en guise de laisser-passer, son bâton de commandement. L'homme quitte le camp et envoie un signal de fumée en direction de Blueberry. Mais Quanah l'a suivi, l'exécute, et le scalpe. Blueberry découvre le cheval fuyant de son ami et le bâton de commandement accroché à la selle. Puis il découvre le cadavre de son ami, ainsi qu'un mot concis mais explicite, écrit de la main mourante de Crowe. Blueberry se résout donc à détruire les armes avant de se rendre auprès de Cochise. La mine dans laquelle sont entreposées les armes est gardée par une armée mexicaine sur les dents, aussi le lieutenant s'appuie-t-il sur les jayhawkers qu'il retrouve sur place ainsi qu'un ancien compagnon fidèle de MacClure. Après une infiltration au suspens haletant et une sortie volcanique, Blueberry fait exploser la mine et les armes mexicaines. Il part rencontrer Cochise, indique avoir détruit les armes pour sauver des vies, mais est bientôt rejoint par Quanah qu'il l'affonte en duel. Blueberry en sort blessé mais vainqueur et venge ainsi son amis Crowe. Le concile des indiens, considérant que l'issue du combat constitue la réponse du Grand Esprit à leur dilemme, accepte de signer le traiter de paix et tous prennent le chemin de la frontière.