La promesse par aaapoumbapoum
Ce qui distingue le drame de la tragédie, c’est la notion de destin. Comment classer, dès lors, ce recueil de nouvelles qui oscille entre les genres pour offrir une peinture du malheur dans ce qu’il a de plus nu. Un samouraï entre dans une auberge pour s’abriter de la pluie et se trouve pris à partie par un artisan à peine sorti de l’adolescence. Deux parents impuissants languissent après l’opération qui guérira ou non leur fils. Une icône en bois dérivant au fil de l’eau s’agace à voix haute (animisme japonais oblige) qu’un rat la prenne pour une embarcation de fortune. C’est la rencontre de l’adversité, sans raison morale ou force supérieure. Sans issue également, pour ces êtres ballotés par un destin qu’ils aspirent, secrètement, prendre en main. Aucun n’y parviendra, pour sûr, puisque telle est la tradition des auteurs, tel Shohei Kusunoki, qui illustrent la question de la chance et des hommes depuis la nuit des temps. Il émerge, néanmoins, toujours une grandeur chez ces êtres qui résistent au sort, qui l’endurent. Une dignité transportée pour beaucoup par la grâce d’un trait délié et lumineux, flattant les expressions et ces moments où le poids du destin se fait si lourd qu’il est sur le point de les effondrer. Mais il n’y parvient pas. Reste l’éclat noir d’une fatalité, peut-être japonaise, pragmatique donc injuste, sans erreur à punir et sans dieu pour l’ordonner.
S; Bapoum pour les Inrockuptibles
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.