Parfois, quand on regarde une œuvre et qu'on réfléchit trop, qu'on est trop pointilleux sur les détails, ça peut aller, pour le lecteur, à faire en sorte qu'il ne porte plus à l'intrigue ni aux personnages suffisamment d'intérêt pour que le résultat en soit plaisant.
Eh bien c'est ce qui m'est arrivé en lisant ce tome 1 d'Oracle.
Pour une première BD lue depuis un bon bout de temps, j'ai trouvé les dessins somptueux, détaillés, avec des personnages expressifs. Seul chose qui m'a titillé : la différence entre le visage (et même les vêtements) qu'arbore la Pythie sur la couverture et dans la BD en elle-même. Au début, je n'étais même pas sûr qu'il s'agissait d'elle, et ce n'est pas faute d'avoir comparé : la bouche, les yeux, le teint, le regard, la forme du visage... Il n'y avait finalement bien qu'une couleur de cheveux et qu'un corps en commun. Et je trouve cela tout de même bien étrange. Reste que la couverture rend finalement très bien.
Pour en revenir à l'intrigue de ce roman, on a affaire à la vengeance d'une Pythie contre un Dieu qui montre son vrai visage. Une intrigue qui laisse de bonnes perspectives planer, mais qui, pour ma part a été gâchée en grande partie à cause d'incohérences auxquels je ne peux m'empêcher de penser :
Pour commencer, le ventre absolument plat de la Pythie alors qu'elle est enceinte, le fait qu'elle se soit brûlée elle -même le visage — car elle maudissait sa beauté, certes — mais surtout dans le but d'être plus convaincante auprès de Zeus... Bien peu de choses pour aller jusqu'à de tels extrémités.
Les Spartiates, fiers et honorables combattants grecs. Ils impressionnaient par leur force, leur courage et la puissance de leurs phalanges. Le tout cimenté par un code d'honneur important. Alors ça m'a fait tout de même tiqué la manière si peu honorable utilisée pour abattre les titans. (A moins qu'ils ne l'aient déjà fait quelque part dans la mythologie grecque ?). Montrer un visage parfois sombre de la part des Dieux était à mon sens une très bonne idée. Mais cette traitrise des spartiates ne m'a pas paru digne de leur mémoire (et pour tant, dieu sait que je préfère Athènes à Sparte). Enfin, la victoire des soldats de la cité sur tous les autres hellènes vénérant Apollon (ce qui fait tout de même un bon nombre) m'a paru excessivement facile. En l'espace de quelques pages, les voilà déjà en train de grimper les versants du Mont Olympe ! Les auteurs sont limités par le format de la BD, mais là, j'aurais aimé ne serait-ce que des petits encarts pour nous expliquer un peu le déroulement de la chose, même si ce n'était pas le principal sujet de la BD. Il me paraît important de ne pas laisser des évènements aussi importants dans l'ombre, le doute. D'autant plus que, sauf information contraire, les Spartiates respectaient leurs Dieux, dont Apollon fait parti. L'explication comme quoi ils préfèrent des dieux "plus virile" me paraît excessivement facile...
Je pense qu'on pourrait nuancer tout cela par le fait que, justement, cela se passe dans la Grèce antique, et cela fait intervenir les Dieux, à la manière de la mythologie Grecque, et que par conséquent on peut s'attendre à une histoire un peu plus "chevaleresque". Mais quoi que je puisse en penser, mon impression ne bouge pas : mitigée.
Bref, la liste d'incohérences est tout de même assez longue. Cela couplé à un personnage principal qui ne m'a pas ému plus que ça, et une histoire qui m'a paru manquer d'attraits l'impression donne une impression finale mitigée, quoique relevée par une petite surprise à la toute fin qui m'a fait sourire.