C’est avec un regard tout neuf que je découvre cette série de Joann Sfar. J’avoue humblement que j’étais passé à côté alors que le premier tome est sorti en 2002. Soyons positifs, ça me permet aujourd’hui d’avoir un œil neuf sur cette série et surtout je vais avoir le plaisir de découvrir les huit albums précédents.
Dans La Reine de Shabbat on découvre Zlabya, la fille du Rabbin, alors qu’elle n’était encore qu’une toute petite fille. Elle venait tout juste de perdre sa mère. Et puis le chat arrive, au début son vocabulaire était plutôt restreint (miaou principalement) mais bien vite un événement de toute première importance que je m’en voudrais de dévoiler ici survient. Le destin du chat, du Rabbin et de sa fille (qui maintenant est une belle jeune fille) s’en trouve tout chamboulé.
Le récit, passionnant au départ, tend à s’essouffler dans la seconde partie du récit. La poésie qui baigne les premières pages laisse place à un discours plus dogmatique sur le thème du féminisme et de l’émancipation des femmes. Tout au long, comme un arrière-plan récurrent, les thèmes de l’antisémitisme et de la religion viennent régulièrement étayer le récit.
Venons-en maintenant au véhicule qui transporte efficacement cette histoire. Le dessin de Sfar. Il est tremblotant voir même parkinsonien parfois mais pour une raison qui m’échappe il a le pouvoir de mettre la larme à l’œil. Les émotions sont intenses quand il s’agit de parler du rapport père-fille, par exemple en montrant l’inquiétude du Rabbin quand sa fille ne rentre pas à la maison pour dormir. Le traitement de la lumière par Sfar est remarquable et nous transporte en une image sur les bords de la méditerranée. Le Rabbin porte le poids des ans et de la vie sa fille est superbe et le chat est moche mais tellement attachant. Si la poésie est apportée par le dessin, l’humour lui est présent dans les bulles. C’est un humour léger, souvent fin et subtil. Des sujets graves sont bien sûr abordés mais Sfar nous épargne le coté donneur de leçon qui aurait pu être pénible.
Une mention toute particulière pour la mise en couleur parfaitement maîtrisée de Brigitte Findakly. Elle habille chaque scène, chaque lieu d’une palette différente. Cela participe à la clarté et au plaisir de lecture.
La Reine du Shabbat est une bande dessinée émouvante, drôle et qui donne envie de lire toute la série. On a envie de la lire une première fois pour l’histoire puis d’y revenir encore et encore pour se promener dans les cases ou pour en saisir toutes les subtilités.

srlgmr
8
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le 24 avr. 2020

Critique lue 88 fois

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