En empruntant ce livre à la bibliothèque de mon entreprise, j'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre. L'année dernière, le grand prix d'Angoulême avait été attribué à une BD catastrophique, l'affreuse "Paysage après la bataille", au récit aussi prétentieux et inintéressant que son dessin était faible. Bref, étant donné que cette "Saga de Grimr" n'a pas non plus un dessin évident au premier abord, je craignais un peu que ce ne soit bis repetita.
Et bien non! Il s'agit au contraire d'une très bonne surprise qui n'a pas volé son prix et qui ne vous lâchera pas (en tout cas ce fut mon cas) de la première à la dernière page. Le dessin un peu frustre (mais du coup bien adapté au sujet, cf. infra) est transcendé par de magnifiques couleurs et un très beau travail sur les paysages.
L'histoire suit les aventures (et surtout les déboires) d'un jeune orphelin islandais fort comme un bœuf dans un pays et une société extrêmement durs (vers la fin du XVIIIe). Surtout, le scénario manie de façon habile toute la symbolique associée aux sagas (islandaises ou autres); il s'en dégage une poésie indéniable (une espèce de "rêverie de la terre", de "poésie tellurique" que n'aurait certainement pas reniée Gaston Bachelard) et l'on s'attache fortement au personnage principal.
Pour conclure, il s'agit d'une très belle BD et d'une très belle lecture; je l'achèterais a posteriori les yeux fermés et la conseillerais donc sans hésiter à quiconque hésiterait encore à s'y lancer.