Dans ce tome 3, on retourne sur l'intrigue principale de Phillip Kennedy Johnson qu'il avait développé dans le tome 1, avec maintenant Superman qui débarque enfin sur le Warworld.
Ce qui est bien c'est qu'on a le droit à un résumé ultra complet du tome 2 en intro de l'ouvrage alors que les infos nécessaires pour comprendre ce tome 3 sont dans le tome 1 (et donc dans le résumé qu'on avait au début du tome 2), et toute la mini "Superman & the Authority" est plutôt dispensable pour comprendre ce qui se passe dans le présent ouvrage (par contre, inversement, on comprend dans ce tome pourquoi Superman avait des cheveux blanc). Après je ne regrette pas de l'avoir lu, c'est toujours chouette de lire du Morrison, mais c'était pas des plus essentiel. Et j'ai l'impression que l'équipe the Authority a été un peu imposée à PKJ, et qu'il ne sait pas trop quoi faire de ces persos, dont il dégage d'ailleurs rapidement une bonne partie. Mais en même temps, la sous-intrigue qu'il fait avec Midnighter est très réussie et donne de la nuance au delà du face à face Superman-Mongul.
Cette saga du Warworld est assez fascinante. J'adore comment PKJ construit tout son univers, essaye de donner une vraie épaisseur au Warworld et à sa culture, de leur développer une vraie vision du monde. On débarque sur une autre planète et on le sent vraiment. En plus c'est bourré de bonnes idées, de visions du monde qui se confrontent, ça me paraît plutôt riche. Alors oui ça fait forcément penser à Planète Hulk, et ce type d'intrigue d'un Américain qui va libérer un régime dictatorial a des relents d'impérialisme américains un peu bizarres, mais je trouve que PKJ mène vraiment bien sa barque pour aller au-delà de ça et offrir un récit vraiment plaisant à lire.
Côté dessins, c'est plutôt du bon, mais ça y est c'est le début de la valse des dessinateurs et ça ne rend pas forcément service au récit. Daniel Sampere qui avait fait des merveilles sur le tome 1 ne dessine hélas qu'un seul numéro (mais il est magnifique), après on passe à Miguel Mendonça au style assez proche et qui est lui aussi colorisé par l'excellent Adriano Lucas, ce qui permet de garder une cohérence. C'est un poil moins beau et un peu plus inégal mais on a quand même de bons moments.
Ensuite on a un gros changement puisque c'est le style hyper réaliste tout en crayonné de Riccardo Federici qui débarque, avec Lee Loughridge à la colo. Federici fait quand même un bon taff et son style façon SF européenne classique colle bien au récit. Loughridge fait de bonnes ambiances mais il manque un peu de rigueur sur les couleurs de peaux des persos et certains détails. Et après pour le numéro final, on a de nouveau un gros changement, puisque c'est Eaglesham qui débarque avec son style qui n'a rien à voir, mais toujours colorisé par Loughridge, et le pire c'est Will Conrad, encore dans un autre style et que là, personnellement, je n'aime pas du tout, qui fait quelques pages au milieu, sûrement pour aider à ce que le chapitre sorte dans les temps. C'est dommage pour la conclusion du tome d'être servie ainsi, ça casse un peu l'élan narratif.
Et de manière plus générale, vu l'ambition narrative de cet arc, ça aurait quand même eu plus d'impact si on avait un bon dessinateur et un bon coloriste du début à la fin de l'arc (au hasard Daniel Sampere et Adriano Lucas) pour vraiment porter le récit au plus haut niveau. Je pense que ce que fait PKJ l'aurait mérité. Après, honnêtement, à par Will Conrad, on s'en sort quand même très bien graphiquement dans ce tome.
Mais donc globalement, ce tome 3 était vraiment une bonne lecture. C'est pas parfait, mais je dois avouer que je prends beaucoup de plaisir à lire ce Superman Infinite.