Suite au 11 Septembre, Marvel relance la série Captain America et met au devant une nouvelle équipe créative: John Ney Rieber au scénario et John Cassaday au dessin.


Personnellement j'ai lu cet album pour le second et je n'ai pas été déçu. L'épisode qui commence la série suit Steve Rogers le jour tragique du 11/09 et déjà le dessinateur m'en a mis plein la vue. Tout le premier arc sera irréprochable graphiquement, d'autant qu'on s'offre en prime 2 planches d'Alex Ross en intro du volume.


Pour le second arc, Cassaday s'en va, probablement à cause de sa lenteur légendaire. La chute est ardue avec l'arrivée de Jae Lee, moins talentueux. Son taf est honorable, quoique certains visages sont complètement ratés. Toujours est-il que la série perd énormément en intérêt, d'autant que le scénario subit lui aussi une baisse de régime.


Justement, parlons en. La série assume son statut d'Amérique post 11 septembre et choisit de tabler sur le terrorisme. La question est tant la nécessité d'assurer la défense des citoyens contre de telles attaques que de confronter Captain America à l'échec d'une certaine idéologie américaine. Symbole du pays, le héros choisit d'incarner l'unité tout en rejettant son statut de porte-drapeau. Il déteste cette guerre sournoise, blâmant ces deux camps nourrissants leur haine mutuelle. Il devient davantage un symbole de liberté, symbole qui n'hésitera pas à se démasquer publiquement pour assumer personnellement ses actes. Ce n'est pas l'Amérique qui a tué ces terroristes déclare-t-il à l'issue de la prise d'otage au coeur du premier arc, c'est un homme et il se nomme Steve Rogers.


Si le scénario reste très classique, avec un héros parfait combattant et à l'âme noble, une prise d'otage dramatique et des réseaux gouvernementaux infiltrés, l'exécution du schéma narratif est sincère et de qualité. On suivra l'opération de deux points de vues, aux côtés de notre héros qui doute davantage qu'on ne pourrait le croire, doute de son pays, de sa cause, de sa capacité à sauver tous ces gens. En parallèle on s'intéresse à une journaliste quant à elle otage, rassemblée avec les autres habitants dans l'Eglise du petit patelin. Un pistolet sur sa tempe, elle lit les phrases qu'on lui montre devant la caméra des islamiques. Une double narration particulièrement intense qui nous met en empathie totale avec ces deux personnages.


Le scénariste essaye par ailleurs d'avoir un jugement plus globale des Etats-Unis et l'on verra ainsi au cours de l'album certains erreurs de leur histoire moderne ou ancienne revenir sur le tapis. Les villes allemandes civiles bombardées, les indiens massacrés et parqués dans des réserves, les rues en proie aux guerres de gangs. C'est une Amérique fragilisée qu'on observe. Et Steve Rogers supporte difficilement cette vision, il souhaite incarner un autre pays, plus juste et moins sale, un pays comme il n'en a jamais existé que dans sa mémoire tronquée du passé.


Le très bon premier arc se foire malheureusement dans un dernier épisode mauvais, intéressant dans l'action mais qui n'apporte pas des réponses très censés aux questions en suspens. C'est dommage mais la lecture de ce qui précédait n'en demeure pas moins bonne.


Le deuxième arc se perd aussi dans des intrigues trop complexes et banales à la fois, dans une morale répétée mille fois et des scènes de destructions à l'aide super-pouvoirs peu convaincantes, particulièrement après les attentats et mises à mort froides du premier arc. Heureusement, les personnages sauvent la situation par leur charisme, un Rogers impeccable, un Nick Fury comme il faut, un bon caméo de Thor, une Atlante intrigante.


En conclusion, une première histoire qui se rate sur sa conclusion, une seconde en-dessous au dessin comme au scénario mais un tome qui vaut sincèrement le coup pour assister à la psychologie d'un Captain America post 11 septembre 2001.

WeaponX
7
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le 19 juil. 2016

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