« La splendeur du Pingouin » suit définitivement la veine sombre et dépressive du Batverse dans l'espoir de (re)donner à Oswald la carrure qui lui sied. Si, fondamentalement, ce célèbre méchant n'avait jamais bénéficié d'un véritable récit des origines, les éléments principaux étaient déjà connus des fans de l'homme chauve-souris: sa laideur, son enfance de merde, sa mère surprotectrice... Le scénariste triture ce passé pour en extraire ce qu'il contient de plus glauque et faire du Pingouin un être plus tragique et complexe que jamais. Le dessin et, surtout, les couleurs, ne font rien pour entraver ce projet délétère: des personnages très réalistes surnagent sans cesse dans de vastes lacs de ténèbres quand ils ne sont pas nimbés de couleurs crépusculaires particulièrement bien choisies.
Cet album est bien davantage un trip d'ambiance qu'un voyage scénaristique... L'histoire est loin d'être mauvaise mais ne surprend pas énormément. On est au début de la carrière de criminel en col blanc du Pingouin mais il est déjà bien installé à Gotham. J'aurais préféré découvrir ses tous débuts, mais bon... A la place, une histoire d'amour impossible qui permet de découvrir ses facettes les plus secrètes, même si on devine dès le début comment les événements vont se dérouler.
A noter tout de même un traitement assez génial du Batman: subtil, insaisissable, ses rares apparitions lui confèrent une force qu'on aurait tendance à oublier à force de pénétrer son intimité depuis des décennies de comics. Ici, le héros redevient l'ombre qu'il n'aurait peut-être jamais du cesser d'être...
Une première mini-série de relaunch intéressante, qui prouve que le nouvel âge DC ne propose pas que des réinterprétations de personnages foireuses (qui a dit Mister Freeze ?). Mais pour ça, faudrait laisser d'autres auteurs que Snyder s'exprimer...