Dans l'immensité de La Tempête, qui fait tout craquer, on se rend compte de notre fragile petitesse : https://branchesculture.com/2024/07/03/david-wautier-bd-livre-illustre-montre-toi-montagne-la-tempete-la-vengeance-western-meteo-survie-neige-saisons-voyages-evasion-famille-enfants-sensibilite/
Après La Vengeance, on reste dans le monde du western, sans quitter le ranch familial, cette fois. Pas le même que celui de La Vengeance. Ici, la famille est groupée, se tient chaud, se donne force face à une menace qui dépasse l'humain: la météo changeante et ses affres, ses secousses, ses allures d'apocalypse.
Si cet album tout public commence et finit de la même manière - n'est-ce pas petit lézard ? - car la (sur)vie reprend son cours après la tempête, c'est tout ce qui s'est passé entre qui intéresse David Wautier. De La Vengeance, on retrouve les thèmes de la famille, de l'isolement, des grands espaces, de tous les climats en une seule journée aquarellée et de la lutte pour être encore debout demain matin. Car, ça va chasser, ça va tomber, ça va craquer, il va falloir se calfeutrer. Oui, c'est une des différences avec l'album précédemment chroniqué, ici, il faut se planquer à l'intérieur d'une maison du bois. Or, vous savez depuis les trois petits cochons, les maisons de bois...
Si le scénario tient en un souffle de vent, c'est tout le travail et la dynamique du dessin, de ses magnifiques peintures qui nous saisit et nous emporte. On vit véritablement cette tempête, bouche bée.
D'ailleurs, David Wautier a opté pour un récit muet, sans mots, sans paroles. Pourtant, le bruit est bien présent tant le cataclysme, sous le talent de l'illustrateur belge, décuple les sensations. Quand le chien relève la tête, qu'il aboie, que le chariot est soulevé et fracassé, que les murs résistent ou fuitent, que la pluie fait plic-ploc. Sans surenchère aucune, juste avec le sens du détail et du cadrage, David Wautier signe une histoire banale (comme il y en a de plus en plus avec le réchauffement climatique) mais avec une force (et une fragilité) anormale, bouleversante - les larmes aux yeux -, impressionnante, poétique aussi. Un album dont on ne se lassera pas même s'il réveille des cauchemars, s'il fait frissonner. Mémorable.
Bonus: restez bien jusqu'à la fin.