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Avec La Tête la première, troisième tome de la série Blast, Manu Larcenet nous emmène encore plus profondément dans les méandres sombres de l’âme humaine. C’est comme si tu te tenais au bord d’un précipice, incapable de détourner le regard, fasciné autant par la beauté brute du vide que par la peur qu’il t’inspire.


Ce tome poursuit l’histoire de Polza Mancini, un antihéros aussi captivant que troublant, qui raconte son errance mentale et physique aux enquêteurs. Plus que jamais, on navigue entre réalité crue et visions hallucinatoires, et la frontière entre les deux devient presque insaisissable. À chaque page, on se demande : Polza est-il une victime de la société ou le bourreau de sa propre vie ?


Visuellement, Larcenet est au sommet de son art. Le noir et blanc est utilisé avec une telle puissance que chaque planche semble te hurler ses émotions au visage. Les contrastes sont saisissants, les traits lourds, presque suffocants, mais toujours empreints d’une poésie étrange. C’est un voyage graphique dans l’inconscient, où chaque coup de crayon semble peser une tonne.


L’histoire, quant à elle, est un mélange habile de brutalité et de fragilité. Polza continue de se dévoiler à travers des fragments de souvenirs et des pensées torturées. Mais là où certains pourraient voir un récit décousu, Larcenet tisse en réalité une toile complexe, où chaque détail finit par prendre sens dans ce chaos apparent.


Le génie de Blast réside dans sa capacité à nous mettre mal à l’aise tout en nous fascinant. La Tête la première ne fait pas exception. Les dialogues, souvent courts mais percutants, laissent place à des silences pesants, des regards vides, et des paysages dévastés. C’est un récit qui ne te prend pas par la main, mais qui te pousse tête la première dans les ténèbres.


Le seul bémol, peut-être, c’est que ce tome demande une attention presque obsédante. Si tu n’es pas prêt à plonger pleinement dans cet univers, tu risques de te perdre. Mais n’est-ce pas justement le but de Blast ? Te perdre pour mieux te confronter à tes propres abîmes ?


En résumé : La Tête la première est une œuvre exigeante, troublante, mais profondément marquante. Une descente viscérale dans les tréfonds de l’existence, portée par un graphisme à couper le souffle et une narration d’une rare intensité. À lire si tu es prêt à plonger sans te retourner. Mais attention : ce genre de chute ne te laisse jamais indemne.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 22 nov. 2024

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