Je n'ai pas l'habitude de relire si vite une BD. Enfin, je n'ai plus car quand j'étais ado, que j'étais pas aussi dépendant de mon ordi ni occupé par un job, j'avais le temps de relire mes BD. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Et d'ailleurs j'ai hésité à relire ce tome... mais comme je trouve que chaque livre de l'intégrale des cités obscures forme un tout, je n'avais pas envie de faire l'impasse sur cette relecture.
Et j'ai bine fait car j'ai mieux apprécié la lecture. J'ignore si mes goûts ont changé ou bien si la lecture du premier livre m'a influencé... toujours est-il que j'ai trouvé cet album prenant. La fin me paraît toujours trop facile mais le personnage principal est très intéressant. Il aurait gagné à être entouré de personnages plus creusés, mais ça reste suffisant pour rendre une scène efficace.
Le dessin est chouette. J'ignore si c'est à cause du petit format, mais je n'ai pas retrouvé les défauts qui m'avaient gêné lors de ma première lecture ; les visages sont bizarrement dessinés par rapport aux corps plus réalistes, mais ça reste cohérent et réussi. Et puis je fus surpris, en lisant l'interview qui suit le récit, d'apprendre que le héros a été calqué sur Orson Welles qui, du coup, a rencontré les auteurs pour poser et même influencer l'intrigue. Mais revenons à la BD : le trait est sublime, les décors impressionnants, le jeu d'ombre ultra efficace. Les couleurs, à la fin, sont très bien appliquées, dommage que ça soit un peu gratuit (ça fait tout de même son effet).
Bref, j'ai trouvé cet album chouette.
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Ancienne critique : 6/10
Cela faisait longtemps que je voulais découvrir une BD de Schuiten. On ne m'en avait pas dit du bien et c'est justement ce qui m'a donné envie de le lire.
"La tour" est un bel album. La plupart des cadrages, des compositions sont extrêmement beaux. Quelques vignettes moins efficaces, surtout lorsqu'il délaisse les ombres ; heureusement,ces plans sont rares. Les personnages sont globalement bien dessinés : juste de quoi tiquer au niveau dont le canon réaliste est raté (alors que les corps et les architectures fonctionnent très bien). Mais bon, cela donne un style et l'auteur s'y tient rigoureusement, donc ça ne gêne pas. Les décors sont majestueux même s'il ne s'agit que de pierres et de quelques poulies. J'aime particulièrement l'effet gravure que Schuiten propose : je suppose qu'il gratte son encre pour arriver à un tel résultat (ou en tous cas je l'espère pour ses yeux).
Le scénario m'a nettement moins séduit. L'histoire est très pauvre : la premier chapitre est inutilement étiré (là on reconnaît l'influence de Hergé sur Peeters qui pond un personnage extrêmement bavard, décrivant le moindre de ses gestes, de ses décisions), le personnage ne faisant que se répéter. Par la suite, les conflits restent discrets, le récit se résumant à la découverte d'un monde par le biais d'un personnage. Ce monde est inquiétant de par les indices que Peeters et Schuiten laissent ici et là, mais ils n'en font rien et c'est bien là le problème. Quant à la résolution finale, annoncée comme surréaliste par le titre du chapitre, paraît trop facile, trop décousue avec le reste.
Bref, on ne s'ennuie pas en parcourant l'album, mais on en retire un goût de trop peu, l'histoire étant insatisfaisante, surtout par rapport à la qualité graphique de l'album.