C'est comme "Peau d'Homme", en moins bien

Certes, tous les thèmes de Peau d'Homme ne se retrouvent pas ici et inversement mais à la lecture, c'est réellement la même impression: pouvoir corrompu et les "petites gens" qui font ce qu'ils peuvent pour conserver le peu de liberté qu'ils ont.

Donc ici, un pauvre porcher qui voit son unique truie traduite en justice car elle aurait tué le fils du noble du coin. Enfin, lorsque je dis "aurait" il faut comprendre "a" car du Juge au Plaideur sensé la défendre, elle est désignée coupable de fait.

Le côté absurde de la chose --traduire en justice un animal-- n'est absolument relevé par personne car, à l'époque, c'était possible. Et voici un point pourquoi c'est moins bien que Peau d'Homme, il faut lire la quatrième de couverture pour le savoir. Certes, ça peut être un peu lourd d'avoir un personnage qui l'explique mais comme on nous répète deux ou trois fois que ça ressemble à un fabliau (au cas où le lecteur n'aurait pas compris qu'il y a une morale à tirer à la fin de la BD j'imagine ?), je ne vois pas pourquoi cette pudeur. Ou rien qu'une petite note de bas de page, quelque chose qui permet de remettre l'action dans sa perspective historique.

On a également une dimension fantastique (mais bon, c'est un fabliau nous dit-on donc pourquoi pas) avec l'Avocat. C'est plutôt bien amené et sert le récit, c'est un point positif. Ca permet de construire l'enquête de manière originale et d'apporter des touches d'humour bienvenues.

Autre emprunt à Peau d'Homme, mais malheureusement pas le plus subtil: les méchants sont tous des hommes qui détiennent un pouvoir ou pas, et les gentils sont gentils parce que opprimés. C'est au marqueur et stabilobossé, la nuance n'est pas de mise. Mettre ceci sur le compte de "oui mais c'est un fabliau, n'oublie pas" me semble vraiment être une solution de facilité qui nuit à l'histoire.

Enfin, heureusement qu'on a inventé la télé parce que les trois quarts de ce qui se passe n'est que le résultat de l'ennui mortel dans lequel vivent les habitants. Ils s'emmerdent tellement qu'ils passent leur temps à guetter, épier et espionner leur prochain pour s'occuper et s'ils peuvent les foutre dans la dèche, c'est bonus car ça permet un spectacle comme une audience où l'on va condamner une truie.

Sans planches vraiment époustouflantes, le dessin est correct. Il ne sublime pas le propos, et comme ce dernier est assez moyen, on se retrouve avec une lecture certes pas désagréable mais nullement impérative.