*Lady Jane* est un album que j’ai eu la joie de me voir offrir. Je n’en avais jusqu’alors jamais entendu parler. Son auteur, Michel Constant, m’était également inconnu. La couverture présentait, dans des tons rouges, une jeune fille en train de danser au milieu d’une foule. J’ai supposé qu’il s’agissait de Jane. Le drapeau britannique qui occupe le haut de l’illustration installe l’histoire outre-Manche. Un rapide coup d’œil sur la quatrième de couverture présente l’ouvrage comme « un récit poignant sur les dérives de la loi Children Act en Angleterre ». Il ne restait plus qu’à s’y plonger dans en apprendre davantage…
L’histoire s’inscrit à Kingsdown, bourgade de bord en mer. ON découvre Jane, jeune femme d’une quarantaine d’années. Elle vend des gaufres délicieuses sur la plage et semble se satisfaire de cette vie discrète et solitaire. Son quotidien va être un petit chamboulé quand elle va proposer à Emma, adolescente à la forte personnalité, de venir travailler avec elle. L’attachement qu’elle va ressentir à son égard va réveiller des moments douloureux de son passé.
Rapidement, le narrateur nous fait comprendre que Jane a eu un parcours de vie compliqué, qu’elle cache de douloureuses cicatrices. L’alternance entre des scènes actuelles et des retours dans le passé de l’héroïne nous montre tout n’a pas toujours été simple. Sa jeunesse a parfois été tumultueuse et elle semble encore être impactée par cette période actuellement. Le travail sur les couleurs marque l’alternance entre les deux périodes. La construction est sur ce plan intéressante dans le sens où l’auteur arrive à mêler les deux époques et leurs événements sans pour autant nous perdre ou complexifier la lecture. C’est une jolie performance scénaristique.
Le lien entre ces deux périodes se fait de manière à travers le personnage d’Emma. On a le sentiment que Jane s’attache à la jeune fille car elle y voit une forme de projection de sa propre jeunesse. Emma est en colère, elle souffre de son contexte familial. La relation qui se crée entre les deux femmes est un atout de l’ouvrage bien qu’elle reste assez classique et finalement sans surprise. Leurs échanges servent de fil conducteur de la narration. La sympathie qu’elle dégage participe au plaisir de la lecture.
Je trouve que l’histoire est ambitieuse mais traite finalement ses thématiques de manière un petit peu superficielle. Le personnage de Jane est finalement moins complexe que supposé. Je trouve que l’auteur dilue beaucoup sa narration pour accoucher finalement d’une révélation qui aurait pu être faite en utilisant vingt pages de moins. De même, le personnage d’Emma est finalement secondaire alors que les premières planches laissaient davantage d’espoirs quant à son traitement. Son apport et son impact sur la trame générale est finalement assez succinct. La lecture a donc généré une forme de frustration chez moi. Le début laissait présager, à mes yeux, davantage d’ambition. L’ensemble reste agréable à lire même si j’ai parfois eu le sentiment que l’éléphant a accouché d’une souris.
Les illustrations sont plutôt réussies. Sans être complètement sous le charme, je dois bien avouer que j’ai pris du plaisir à les découvrir. Les dessins arrivent à donner vie à l’atmosphère des lieux. J’ai vraiment eu le sentiment de voyager. Le travail sur les personnages est également sympathique et leur offre une belle personnalité. Bref, le travail graphique de Michel Constant est une agréable rencontre à travers cet album.
Pour conclure, *Lady Jane* est un album agréable qui se lit aisément et avec plaisir. Le bémol est, à mes yeux, que l’intrigue aurait pu être davantage densifiée. Le potentiel des personnages me laissait espérer davantage. Néanmoins, peut-être tout simplement accepter la lecture pour ce qu’elle est et accepter que certains aspects des protagonistes ne soient pas développés….