Dans un décor moyenâgeux, nous rencontrons Grenoye, un jeune homme qui habite avec sa mère dans une maison délabrée et sordide. Grenoye est pour ainsi dire livré à lui même et essaie tant bien que mal de soulager les maux de sa mère, abandonnée par son mari et rongée par le chagrin, en lui procurant des champignons provenant des Marais Écarlates. Bravant ainsi les légendes qui racontent que ces marais seraient hantés par une ténébreuse créature.
Durant l’une de ces virées dans ces marais lugubres, il fait la rencontre de Layla, une femme mystérieuse à la beauté incomparable. D’ordinaire, Grenoye n’aurait jamais dû sortir des marais vivant, mais cette fois-ci, Layla laisse la vie sauve à cet étranger…Pourquoi donc ?
Cette ‘femme-serpent’ semble l’avoir envoûté, car une fois rentré chez lui, il n’a plus qu’une obsession : la revoir. Elle hante ses pensées, jour et nuit, et malgré ces tentatives, il ne parvient plus à croiser de nouveau sa route.
Le temps passe et Grenoye qui a perdu sa mère, se marie avec Edith, une jeune fille aimante et gentille, fille de l’épicier. La vie suit son cours et le souvenir de Layla, bien que présent, s’estompe jour après jour, année après année…….
Tout bascule le jour où, treize ans après leur première rencontre, il la croise au château de Flyne Yord, dans lequel il est employé comme cuisinier. Layla, convoitée par le roi tant pour sa fascinante beauté que pour la pierre rouge qu’elle porte à son cou, tue le roi qui souhaitait s’emparer de ce bijou exceptionnel, appelé l’Escarboucle. Cette pierre rendrait en effet immortel son possesseur.
Grenoye aide Layla à s’enfuir du château et lui sauve ainsi la vie.
L’héritière au trône, Syrenia, souhaitant plus que tout redonner au royaume de Flyne Yord sa grandeur d’autrefois, souhaite récupérer le fameux bijoux, quitte à s’en emparer par la force…
Dans cet album nous suivons donc le destin de Grenoye durant 96 pages aux dessins sublimes, où s’entremêlent parfaitement la passion, la fascination, l’amour, le fantasme, la mort, la sensualité. Destin tragique d’un homme partagé entre sa raison et ses passions… qui n’aura de cesse d’être torturé par sa conscience, écartelé entre son rôle d’époux et de père et son désir ardent pour une autre « femme »… quitte à tout perdre car la passion dévorante de Grenoye pour Layla aura de sombres conséquences.
Autre conflit, moins intérieur pour le coup : celui qui oppose Syrenia, avide de pouvoir et qui désire posséder l’Escarboucle afin de jouir indéfiniment de sa gloire retrouvée…et Layla déesse des charmes et des passions, qui ne pense qu’à assouvir ses envies sans contrainte puisque le temps ne lui est plus compté…
Entre ces deux là, rien ne va plus ! L’affrontement semble poindre et ce pauvre Grenoye pourrait en faire les frais dans un déferlement de violence inévitable…
Le scénario de Jérémy est addictif, sensuel et épique. Les personnages créés sont loin d’être parfaits et leurs traits de caractère, affirmés, ne sont jamais ni bons, ni mauvais…c’est cette ambivalence qui les rend véritables, authentiques…humains. Ni trop aimables, ni trop détestables. La complexité de leurs êtres leur confère ce ‘je ne sais quoi’ d’abordable.
Cette histoire est magnifiée par le dessin de Mika. Le trait est superbe, les couleurs impressionnantes. Tout prend de l’ampleur, de la consistance grâce à lui. Les images se suffisent à elles-mêmes parfois tant elles sont percutantes et parlantes.
Pour finir, seul petit bémol de ma lecture, sa fin qui laisse le lecteur dubitatif…sans trop vous en dire, il se pourrait que le destin de Grenoye soit sujet à interprétation de la part du lecteur… Pour ma part cette fin est quelque peu dérangeante car je n’aime pas vraiment qu’on ne me dise pas clairement ce qu’il en est… J’aurais apprécié que le dénouement de cette histoire soit clair.
En conclusion : « Layla » est un album très graphique et prenant, tant sur le fond que sur la forme. Le lecteur ne s’ennuie pas et les pages défilent très rapidement. Agréable à regarder autant qu’à lire, cet album est une belle découverte.