Un titre de critique peut être un peu fort, mais qui dénote bien la déception que me vaut cette adaptation de la fameuse série de Robin Hobb : L’Assassin royal. Fervent admirateur du roman, c’est avec un enthousiasme mêlé d’appréhension que j’ai accueilli la nouvelle de cette BD, et si la première de couverture s’avère plutôt jolie, elle ne reflète hélas en rien la qualité de ce qui se trouve à l’intérieur.
Cette BD de l’AR est l’exemple typique de la difficulté à adapter un roman dans un autre format, constat d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’un roman d’une telle complexité au niveau de l’histoire et des personnages. Et là, ça ne fonctionne tout simplement pas. Tout d’abord, le scénario est tellement dense que les coupures sont obligatoires, affectant grandement la compréhension globale de l’œuvre.
Ensuite, on à l’impression que cette adaptation souffre des défauts de son support : la BD est-elle réellement pertinente pour développer la psychologie de ses personnages ? Je ne le pense pas, pourtant il s’agit là d’un des points les plus fondamentaux de l’œuvre originale. Et autant dire qu’il passe complètement à la trappe dans cette adaptation. Les personnages, et le héros plus particulièrement, n’ont pas d’âme, ils sont plats là où les romans s’attardent sur leurs caractères. De la même façon, le format BD ne permet pas la mise en évidence de notions abstraites telles que l’Art ou le Vif qui bénéficient de nombreuses descriptions dans les livres.
Mais c’est le dernier point qui fâche davantage encore. En effet, si on pouvait se douter que le fond ne serait pas à la hauteur, on pouvait espérer que la forme rattrape le tout. Mais non ! Pas un seul effort n’a été fait pour tenter de retranscrire l’univers pourtant imposant de l’AR. Les décors sont minimalistes et les personnages terriblement laids, aux visages à ce point inexpressifs qu’ils se ressemblent tous ! Et lorsque la transcription d’un univers pourtant si riche est bâclée, on ne peut pardonner ce genre de défaut.
Au final, j’ai clairement eu l’impression à la lecture de ce premier tome que l’AR est inadapté au support de la BD. De fait, j’ai du mal à concevoir qu’une personne n’ayant pas lu les livres puisse lui trouver un quelconque intérêt ; d’un autre côté j’ai également du mal à concevoir que quelqu’un qui les a lus ne soit pas déçu. Je ne saurais donc que vous conseiller de passer votre chemin. Préférez lire les romans si vous ne l’avez pas déjà fait.