Le bel Alex
6.7
Le bel Alex

Roman graphique de Julia Reynaud (2022)

Un premier album si je ne m'abuse. Souvent, je trouve les premiers albums moyens : ça part d'une bonne idée mais le développement déçoit, et passé les 20 premières pages (sans doute prêtes lorsque l'auteur cherchait un éditeur), on s'emmerde un peu. Du coup ça me laisse de la motivation pour faire de la BD ; je me dis que même si ce que je fais n'est pas top, y en a plein d'autres qui sortent du caca. Dans ce cas-ci, c'est l'effet inverse. L'album est tellement maîtrisé à tous les niveaux, même si ce n'est pas un graphisme virtuose, même si ce n'est pas une histoire méga originale, que ça démotive, je me dis que j'arriverai jamais à atteindre un tel niveau. L'album commence bien, se poursuit bien et se termine bien. P'tet que ça manque d'une scène forte pour conclure, mais ça reste efficace.


Les personnages sont peu nombreux mais sont tous bien caractérisés et exploités. Les situations sont bien amenées et rondement menées, avec à l'appuis des conflits et des résolutions de bon niveau. Le message est également intéressant d'autant plus que l'auteure inverse les rôles : c'est l'homme qui fait attention à son look, la femme qui se goinfre de Macdo et veut voir du Marvel. Et en même temps c'est contemporain. L'auteure ne se monter pas moralisatrice non plus, elle raconte juste une histoire tragicomique.


Le graphisme est très plaisant : le trait est parfois jeté, spontané, parfois plus construit, mais toujours lisible et cohérent. L'on trouve des imperfections dans le dessin, des positions mal représentées, un canon pas toujours respecté, mais ça passe toujours, et je préfère mille fois ces imperfections à un dessin trop parfait (on laisse si rarement passer l'imperfection dans notre monde). La mise en page n'est jamais surchargée, l'auteure n'a pas peur de prendre de l'espace. Quant à la couleur, le coloriste se débrouille avec peu de couleurs pour créer des avant et arrière-plan qui permettent de bien situer les personnages, préciser l'action, créer des ambiances, renforcer la psychologie d'un personnage, relever des intentions narratives. L'effet de texture est simple mais s'avère plutôt efficace.


Bref, voilà un très chouette premier album et j'ose espérer que l'auteure en fera d'autres de cette qualité au moins.

Fatpooper
8
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le 3 janv. 2024

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