Ô mon cadohoho, tu es le plus beau des cadeaux !

Pour les trois volumes Le Cadeau de l'Ange, Le Temps des Cerisiers et La Mélodie de Jenny, j'ai les éditions chez Ki-Oon qui sont superbes. Les jaquettes ont un grain comme moi, elles sont super au toucher. C'est du super bel objet à tenir en main, et les volumes sont dans une collection nommée "Les Trésors de Tsukasa Hojo". J'ai aussi les trois volumes de Sous un rayon de soleil, mais dans la collection Tonkham, manga que je recommande maximalement. Le volume Le Cadeau de l'Ange contient les deux histoires qui servirent de galop d'essai avant de lancer City Hunter. Une histoire reprend un personnage secondaire de Cat's eye et l'autre, qui introduit Ryo et Kaori, nous parle aussi un peu d'un séjour en Amérique par le héros, sachant que l'auteur s'y est lui-même rendu pour étudier les armes à feu. Ces deux histoires figurent toutefois dans le volume Z de l'édition Deluxe de City Hunter qui compte 32 volumes numérotés et trois tomes bonus XYZ d'illustrations et d'histoires inédites. Tsukasa Hojo aurait voulu introduire ces deux histoires dans la série, mais les caractères des héros, Ryo et Saeba, y sont un peu différents. Enfin, bref, j'ai donc ces histoires en double, et ce nouveau volume je l'ai surtout acheté pour les trois premières histoires qui sont les seules que je découvre à la lecture.
Mais les volumes XYZ n'étant plus guère en vente, c'est déjà un solide argument que ces deux récits de maturation du projet City Hunter.
Pour le reste, nous avons encore deux beaux récits, l'un qui donne son titre au recueil "Le Cadeau de l'Ange" et l'autre "Histoire de chats" qui, au passage, fait un petit clin d'œil à l'autre série phare de l'auteur Cat's Eye. Ces deux histoires confirment que Hojo a un côté coeur d'artichaut. Ce sont des sortes de contes pour enfants avec l'art du récit et le sens du merveilleux, un merveilleux qui, au passage, rend un peu délicate les subdivisions des théories littéraires si à la mode à l'école de Todorov sur la séparation entre le merveilleux et le fantastique. Dans la théorie de Todorov, qui essaie de s'appliquer à des ouvrages qui n'ont jamais connu ces concepts, le merveilleux, c'est quand les personnages admettent ce qu'il se passe, et au passage l'héroïque fantaisie n'est rien d'autre que du merveilleux moderne, et le fantastique c'est quand les faits étranges défient la rationalité et effraient des personnages qui ne croient pas au surnaturel et qui doutent s'il survient ou non. En fait, il y a plein de récits merveilleux où les personnages sont surpris par un surnaturel qu'ils ne s'expliquent pas, et c'est ce qui arrive dans ces deux récits. Il n'y aura pas la peur du fantastique, ni le doute final sur ce qu'il s'est passé, mais pourtant les personnages vont être confrontés à un surnaturel qui se dérobe à eux, qu'ils finissent par comprendre, mais cela se termine en contes de fée tout de même où le magique ne fait pas peur, mais est même plutôt remercié. Scolairement, on parlerait de deux récits fantastiques, mais j'ai pourtant envie de parler de contes merveilleux.
Dans le premier récit, le héros, un jeune à la fac, rêve d'amours impossibles avec des reines ou des femmes qui ne sont pas de cette planète, alors qu'il a à côté de lui une très belle femme qui le connaît depuis l'enfance et qui en pince pour lui sans rien dire. Cette andouille a un rendez-vous avec une garce, au prétexte superficiel qu'elle a été reine de beauté dans des défilés. Il plante son amie d'enfance pour aller la rencontrer. Mais, dans une belle scène de foule, il attrape une main dans le métro, et se retrouvez nez à nez avec une fille de trois ans qui l'appelle "Papa". Il cherche à s'en débarrasser, pardons ! il cherche à l'aider à retrouver ses parents en l'amenant à la police, mais vu qu'elle prétend que son père c'est lui notre héros est mis à la porte sans autre forme d'investigations. La fille fait capoter le rendez-vous et on s'aperçoit qu'elle est le sosie parfait de l'amie d'enfance, jusqu'à la grimace qui lui est propre. Et rappelons que le héros connaît son amie depuis l'école primaire, il y a donc un côté symbolique de la femme jolie qui lui est chère depuis l'enfance. La fille s'installe. Est-elle là pour toujours ou bien a-t-elle une mission à accomplir ? Un enfant est un cadeau pour deux, pas pour un !
Le troisième récit "Histoire de chats" est quelque peu comparable. Il fait songer au récit des "Amours de Psyché et Cupidon", la belle Psyché doit s'interdire de voir le visage du dieu pour ne pas le perdre. Le héros est un photographe, voire un paparazzi en mal de scoops, il fait une mauvaise chute pour sauver la vie d'un chat et se retrouve dans une situation financière des plus tendues. Mais la propriétaire du chat intervient pour le remercier au moment où il s'apprête à commettre l'irréparable du vol pour s'en sortir. La chance sourit à nouveau au héros, y compris au plan de sa carrière de photographe. Cette femme oriente décidément habilement le sort de l'individu et elle aime cuisiner. Mais pourquoi cuisine-t-elle des restes avec des carcasses de poissons pleines d'arêtes ? Et pourquoi comme il le dit lui-même dans une note de commentaires Tsukasa Hojo s'est-il fatigué à la difficulté de communiquer des allures humaines au visage de son chat ? La femme s'enfuit toujours avant minuit, tout en se mettant en couple avec le héros. Celui-ci le vit mal, commence à aller voir ailleurs, mais il la fait pleurer, il voit qu'elle tient à lui. Mais, à traverser la route avec tant d'insouciance, l'histoire de ce gars pourrait finir mal... ou bien !
Enfin, la seconde histoire n'est autre que le premier manga publié par l'auteur du temps qu'il était lui-même à la fac : "Je suis un mec, un vrai !" L'auteur y est attaché par nostalgie, mais en dénonce lui-même la "piètre qualité". Elle n'est pas si déplorable que ça, bien que maladroite. Le dessin a un autre style, plus proche naturellement des mangas des années 70 qui ont dû servir de modèle. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les cases. L'auteur apprend, ne maîtrise pas encore, mais il y a plein d'éléments du langage narratif propre à Hojo qui sont déjà esquissés. Il y a déjà la direction essentielle qui est prise. On a aussi des préoccupations qu'on lui connaît dans toutes ses séries. Le héros est un garçon fier qui a un compte à régler avec la gent féminine et le cadre est celui d'une institution pour jeunes garçons lycéens avec une éducation japonaise conservatrice et ils doivent désormais cohabiter avec des filles d'une institution chrétienne complètement gagnées aux valeurs occidentales pour la musique, la cuisine, etc. Les autres garçons s'intéressent aux filles qui le leur rendent bien, deux exceptions, notre héros, et chez les filles, celle qui fait figure de caractère fort. Et, en réalité, les deux exceptions se connaissaient dans l'enfance, mais ça ils vont le découvrir. La virilité revendiquée sert d'abord à un clivage entre filles et garçons, mais elle finit par être un élément de séduction décisif.

davidson
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le 30 oct. 2020

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davidson

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