Critique et extraits ici: https://branchesculture.wordpress.com/2015/09/28/critique-le-chevalier-a-la-licorne-piatzszek-escalada/
Nous voilà plongés dans ce Moyen-âge brutal, sanguinaire et guerrier en compagnie de Stéphane Piatzszek et du surdoué Guillermo G. Escalada. Prenant ses sources dans la Bataille de Crécy en août 1346, Le chevalier à la licorne retrace, non sans fantastique, l’errance d’un chevalier à travers les temps et les météos et à la poursuite d’une licorne bien mystérieuse. Du dessin… presque animé!
Une bataille au Moyen-âge, ça peut durer un siècle ou quelques heures mais une chose est sûre, ça marque toujours! Encore plus quand vous préférez la mort en sauvant votre roi (en l’occurrence, Philippe IV de Valois) et en lui confiant la bride de votre propre cheval. Assiégé par ces diables d’Anglais, c’est ce qui arrive à Juan Fernandez de Heredia. Le voilà fier et vaillant, mais à pied et condamné face à la rage d’ennemis en surnombre. Son sort ne fait peu de doutes même s’il se bat, téméraire comme une bête en rogne, les yeux injectés de haine et de violence. Juan perce, transperce. Le sang coule sur son armure d’hospitalier, celui des autres, le sien aussi.
Et puis, le coup de grâce qui prend la forme d’une licorne qui le transperce de part en part. La vie défile sous ses yeux, mais le chevalier revit, fait prisonnier par l’ennemi anglais. Le temps passe, les murs de sa geôle tatoués de ses licornes, rêve ou réalité? Et lorsque Pedre IV d’Aragon paye sa rançon, l’aventure ne fait que commencer, longue à travers bois, village, songes et réalité.
Et l’imagination ne fait que prendre. Car si l’histoire est véridique jusqu’à un certain point, le scénariste Stéphane Piatzszek a poussé l’onirisme de l’existence de ce moine-chevalier un peu plus loin que la réelle Histoire. Et pour sa première incursion dans le monde médiéval, Piatzsek, qui nous avait plus habitués à un monde de polar, réussit fort bien son projet. Et sa plus grande qualité est sans doute d’avoir osé un scénario bien amené où les mots au compte-goutte ne s’entrechoquent que très peu avec le dessin. De longues séries de planches restent muettes.
Enfin muettes au niveau des mots, mais si expressives tant elles laissent au dessin époustouflant (à commencer par la couverture) de l’Espagnol Guillermo G. Escalada déployer leur souffle épique. Fresque psychologique autant que poétique, Le Chevalier à la licorne marque par sa singularité, sa fine plume et sa fine lame, ainsi qu’un fameux dessin qui s’animerait presque. Bref, on a vu une licorne, une histoire dingue et, vous savez quoi?, on en redemande. Absolument transcendant!