"Si vous ne me donnez pas tout le contenu de votre tirelire..."

De toute la série des Benoît Brisefer, "Le Cirque Bodoni" est incontestablement le meilleur parce qu'il part d'une idée évidente : la force prodigieuse de Benoît Brisefer est un handicap pour lui. Il casse tout sans le faire exprès, est contraint de cacher en permanence ses capacités, et est pris pour un menteur à chaque fois qu'il révèle celles-ci à un proche. D'où une conclusion évidente : tout comme l'avalage de sabre ou le jonglage, sa grande force est impressionnante mais à peu près inutile pour un garçon de dix ans.

Peyo va donc permettre à Benoît, pour la première et seule fois de la série, de révéler au monde ses pouvoirs en le faisant travailler pour un cirque. Parce que, forcément le public croit que "y'a un truc". Le secret est donc conservé.

Globalement, c'est excellent voire parfait. Peyo mêle artistement le drame social à la Charlot en mettant en scène au travers de quelques scènes brillantes les graves difficultés auxquelles est confronté le Cirque Bodoni (la petite écuyère n'a pas assez d'argent pour acheter une barre de chocolat et s'en retourne toute triste, drame de mon enfance), puis passe à la spectaculaire mise en scène des talents de Benoît (avec le "y'a un truc" du public médusé qui revient en leitmotiv), pour arriver au terme d'une introduction magistralement menée à une machination ourdie par un magnat du cirque pour récupérer le numéro de Benoît, ce qui est ma foi compréhensible, moi-même je tuerais pour voir un gamin de dix ans faire des bonds de quinze mètres de haut...

En un seul tome, Peyo réussit l'exploit de raconter une histoire sans temps mort, haletante, nerveuse et pleine de rebondissements. Les personnages sont impeccables, sans exception; on appréciera notamment le charisme de l'antagoniste principal, l'infâme maître chanteur Ange Retors (ça ne s'invente pas), qui va avoir l'occasion de démontrer sa vilénie en accusant faussement le cirque Bodoni de trafic de drogue, puis en doublant son employeur pour lui dérober 100 000 dollars... et puis surtout, alors que c'est la première fois que Benoît peut jouer franc-jeu dans la démonstration de sa force, le machiavélique Peyo va en profiter pour le faire tomber dans une série de pièges et lui faire commettre de graves erreurs ! Heureusement tout finira bien, et la fin, comme tout le reste dans cet album magique, est exemplaire, et conclut parfaitement l'histoire.

Drame social et enquête policière parfaitement rythmée, "Le Cirque Bodoni" est l'album de Benoît Brisefer idéal. Et en plus, l'illustration de fin de tome déchire.
Tezuka
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le 24 août 2014

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Tezuka

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