Une série de science-fiction géopolitique sous une bannière uchronique

Annoncé par Fabien Vehlmann depuis 2013, ce récit au long court devait figurer au sommaire du magazine numérique Professeur Cyclope. Six ans plus tard, un premier volume de 200 pages, début d’une trilogie, arrive avec 5 auteurs aux commandes du dernier Atlas. Une série de science-fiction géopolitique sous une bannière uchronique qui place 2018 sous le signe d’un péril mondial, une menace gigantesque que seul un Atlas (des robots de construction, à pile nucléaire, fabriqués sous De Gaulle dans les années 50) pourrait contrer. À travers ce récit d’anticipation très crédible, les auteurs parlent de notre époque, de la mondialisation et ses problématiques écologiques, militaires ou judiciaires. Le Dernier Atlas parle aussi bien des essais nucléaires en Algérie que du racisme en France à la fin de la colonisation de l’Algérie. Des thèmes qui font partie de notre histoire dans un récit qui mêle robots géants & polar. De Nantes et son petit banditisme à Alger et ses caïds en passant par l’Inde et la mafia, ce feuilleton nous emporte sur plusieurs continents derrière le personnage d’Ismaël.


Ce jeune gangster à l’intuition d’une menace qui dépasse la raison et se démène pour redémarrer le dernier robot Atlas, immobilisé en Inde dans un chantier de démantèlement. Une mise à la casse forcée depuis une catastrophe nucléaire qui a signé l’arrêt du programme durant la Guerre d’Algérie quand les engins sont passés de la construction au maintien de l’ordre.


Ismaël cherche à convaincre les anciens membres de l’équipage de venir l’aider à piloter ce dernier engin encore en fonction. Mais, le Georges Sand était un robot à part et ses équipes réputées pour être difficiles, à l’image de Roland Fabre qui a soutenu les exactions de l’OAS (Organisation armée secrète, groupe terroriste français de partisans de la colonisation de l’Algérie). Élément central de la série, ces Atlas évoquent à la fois les grues Titan de Nantes et les sous-marins nucléaires français utilisés à cette époque, des engins démesurés bien réels qui annoncent leurs doubles de fictions. Ces références se doublent de clins d’œil à la pop culture : du robot dans le Roi et l’Oiseau de Prévert et Grimault ou du Géant de Fer de Brad Bird qui sont cités comme des références explicites ou encore Goldorak dont on retrouve la figure dans l’album… mais aussi les albums panini des équipages des Atlas qu’Ismaël collectionnait petit.


Hervé Tanquerelle n’a pas son pareil pour inventer des visages marqués et crédibles et camper ses personnages depuis les Racontards et sa galerie de gueules cassées. Aidé pour le design des robots mais aussi pour le découpage et la mise en scène par Fred Blanchard, le rendu est à la fois très moderne et vintage. Un mix réussi entre clins d’œil graphiques, recherche documentaire & techniques et modernité du trait.


Ce feuilleton, écrit comme une série centrée autour de plusieurs personnages met aussi en avant Françoise Halfort, journaliste et ex-reporter de guerre qui se trouve au cœur des événements dans la réserve de Tassili en Algérie où des milliers d’oiseaux se laissent mourir de faim, où des essais d’insectes pullulent ou présentent des anomalies génétiques. Jean Legoff, dit Dieu le père, attend qu’Ismaël Tayeb revienne avec l’uranium tandis que Gregor et Hamid perdent du terrain face aux mafieux des Balkans à Nantes. Elena Tayeb soutient son mari mais cache un secret…


TOUTES MES CHRONIQUES SUR BUBBLE

ThomasXcomics
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le 21 août 2020

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Thomas Mourier

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