Je vous faisais part il y a quelque pages de mon avis sur cette série au bout de la lecture des 4 premiers recueuils.
Je viens de dévorer le 5 et le 6, j'enfonce donc le clou.
Brubaker en plus de raconter un récit quasiment sans faille à chaque itération se permet de croiser l'histoire de ses protagonistes, pour donner une sorte de tout pseudo-tentaculaire. Parce qu'il est vrai que ces apparitions sont plus pour faire écho et donner cohérence à l'univers développé que pour réellement s'imbriquer d'un tome sur l'autre. On est pas dans un film d'Inarritu, on est dans un polar. Mais quand le tome 6 se passe 20 ans avant les autres et qu'on s'aperçoit que ce salaud de tenancier (plus tard baron local) est alors qu'une jeune petite frappe et qu'il commence déjà à demander sa part du gâteau, on se dit définitivement que Brubaker est un putain de tueur en série qui multiplie les crimes parfaits.
La narration est d'ailleurs dans le tome 5 et encore plus dans le tome 6 toujours aussi maîtrisée, bien sûr grâce à une atmosphère poisseuse qui fait dégouliner le stupre et le sang hors des cases mais surtout conséquence de dialogues sans fioritures, francs et directs et d'un rythme rollercoaster absolument palpitant.
Brubaker ne fait pas de quartier, manie la plume comme un Colt en platine et le seul qui parvient à jouer dans la même cours est Aaron et son Scalped. Ils se trouvent que les deux zigotos s'adorent, coincidence ?
Graphiquement le duo Phillips (dessin) - Staples (couleurs) fait des ravages, c'est la cuillère en argent pour servir le caviar. Encore un élan lyrique pour le décrire ? Oui et non car si leur boulot est en tout point idéal pour servir un tel récit depuis le début, le tome 6 souffre clairement d'un manque d'application. Visages grossiers, décors baclés.. Phillips qui est aussi sur Incognito et Fatal doit se sentir débordé par le travail. Je lui pardonne, puisqu'encore une fois ces deux tomes m'ont retournés (le 6!!), enfoncés la tête dans le sable, des clubs de golf s'abattant sur mon postérieur.