Le Dernier Envol
7.3
Le Dernier Envol

BD franco-belge de Régis Hautière et Romain Hugault (2005)

Déjà presque quinze ans depuis sa sortie ! J'ai l'impression que c'était hier… abreuvé aux classiques de la BD d'aviation tels que Biggles et Buck Danny, je m'en étais pourtant quelque peu détourné depuis plusieurs années, lui préférant alors les BD de Star Wars ou de marine. C'était avant que Romain Hugault, vingt-cinq ans à l'époque, ne fasse soudain irruption sur la scène. Et quelle irruption ! Il allait changer la donne.


Court et simple dans sa conception, Le Dernier Envol se divise en quatre chapitres distincts, chacun suivant un pilote de chasse de la Second Guerre Mondiale à différents stages de celle-ci: un kamikaze japonais dans le Pacifique en 1945, un Américain dans le ciel normand de juin 1944, un Allemand face aux Alliés venus bombarder son pays et enfin un Français de l'escadrille Normandie-Niémen sur le front russe en 1943. Chaque histoire est en fait liée à une autre, mais cela ne devient apparent qu'à partir du chapitre consacré à l'Allemand, ce qui donne lieu à de jolies surprises et réinterprétations.


Mais n'allons pas nous leurrer, le plus grand intérêt de cet album, ce n'est certes pas le scénario de Régis Hautière, mais bien les dessins de son complice Hugault. Pendant longtemps, Francis Bergèse était pour moi le meilleur dessinateur d'avions de la BD franco-belge, mais je dois dire qu'en un seul album il a été détrôné. Franchement, Hugault est au dessin de warbirds ce que Tiger Woods est au golf : un talent brut et fait pour gagner tout le temps.


Son coup d'œil est incomparable : les dimensions ne sont jamais un problème. Il n'y a d'ailleurs jamais un seul avion qu'il ne sache pas dessiner à la perfection, de la plus insignifiante trapanelle jusqu'au rapace le plus élégant. Le Dernier Envol permet de réaliser cette pleine mesure dès le coup d'envoi puisque chaque pilote possède bien sûr un coucou différent : le Japonais se sacrifie sur son Mitsubish A6M Zero tout en finesse de courbes, l'Américain traque un train nazi avec son mastodonte P47 Thunderbolt, véritable taureau des airs, l'Allemand chasse les bombardiers US sur son mythique Messerschmitt Bf109G, oiseau de proie de la Luftwaffe, tandis que le Français apprend à maitriser son Yak-3, merveille de technologie soviétique bien rustique.


Quatre chasseurs bien différents donc, qu'Hugault dessine chacun avec le même flair. Et je ne parle même pas des figurants, tels que le Lightning P-38, le B-24 Liberator, le Focke-Wulf 190… c'est une véritable orgie pour les yeux de tout fana d'aviation. La mise en couleur contribue également à les mettre en valeur, plus chatoyante et sexy que chez n'importe quel autre dessinateur. En parlant de sexy : c'est lorsque le pilote français s'entiche de l'interprète russe de l'escadrille que le lecteur découvre avec plaisir le penchant de Romain Hugault pour les femmes à (très) forte poitrine…


Pour en revenir brièvement aux avions, ce n'est pas comme si RH ne savait que les dessiner à l'arrêt, figés comme sur une boite de maquette Revell : ses scènes de batailles aériennes ont beaucoup de dynamisme, son talent et sa connaissance du matériel lui permettant d'utiliser des angles très originaux et jamais vus chez Bergèse, Loutte ou Hubinon. Le chapitre trois consacré à l'Expert allemand est à cet égard le meilleur de tous à mes yeux, car l'intensité du combat des faucons de la Luftwaffe contre un adversaire supérieur en nombre est décuplée par les prises de vues et le découpage du dessinateur.


Seul bémol à ce premier album : les personnages sont encore un peu désincarnés – en tout cas leurs visages. Il y a une double-case très réussie où le pilote allemand et son adversaire US échangent un regard, mais à part ça et les atours de l'interprète russe, ce n'est pas encore brillant. La gamine normande fait carrément peur, on dirait la poupée de Big Baby dans Toy Story 3 !


Mais je pinaille, car cette album est vraiment merveilleux et se relit avec un immense plaisir. Un must pour tous les amateurs !

Szalinowski
9
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le 1 févr. 2019

Critique lue 186 fois

Szalinowski

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