En voilà donc une proposition intéressante sur le lien qui unit la chauve-souris justicière et le clown démoniaque. Après des décennies ensemble, il était temps de mettre cartes sur table.
Apparemment, ce Deuil de la Famille n’a pas conquis tout le monde. Bizarre… pourtant, tous les ingrédients y sont, un Joker au sommet de son art, une écriture intelligente (avec nettement moins de longueurs que les précédents Snyder), et une histoire vraiment digne des meilleurs épisodes de Batman. Ouais, j’adore Deuil de la Famille.
Certes, on pourra lui reprocher d’avoir ses passages débiles (Batman qui en trois pages défonce Freeze, Gueule d’Argile et Scarecrow sans problème). Mais à vrai dire, rien ne peut entraver la géniale confrontation entre Batman et Joker. Joker est persuadé que l’entourage de Batman le ramolli, sans trop se creuser la tête, il décide de se débarrasser de tous ceux qui se mettraient entre lui et son amour, à savoir toute la clique des Robin, Batgirl, Gordon, et ce bon vieux Alfred qui s’en prend plein la gueule dans ce tome. Mais le Joker aux tendances comique à complètement disparu dans ce tome. Cette fois-ci, le pire ennemi de Batman est terrifiant. Son visage ne tient que par des agrafes, il tue à tout va, et prépare un plan aussi terrifiant que macabre. Y a pas à dire, le Joker de Snyder fout les jetons et Greg Capullo s’applique pour faire ressortir cet aspect monstrueux du personnage. Et pour une fois, Snyder ne gaffe pas. L’écriture de Joker est telle qu’on y croit vraiment.
L’idée des hiboux dans le premier arc était bon, mais mal amenée. Cette fois, tout ce qui tourne autour du Joker est bien amené. Notamment l’histoire de la pupille du Joker. Sur chaque planche, il faut regarder ses yeux, et à chaque planche, on se rend compte de la folie du Joker. Batman tentera sans cesse de se persuader que le Joker n’est qu’un homme, le dessin de Capullo prouve belle et bien le contraire.
On pourra souvent dire que sans un bon Joker, pas de bon Batman. Vous l’aurez donc compris, le comics se focalise beaucoup sur ce personnage (en même temps, s’il était sous-traité ce serait dommage). Mais il remet également en cause toute sa relation avec Batman.
En fin de compte, le Deuil de la Famille n’a pas plus de qualités que les autres tomes de Snyder, c’est simplement qu’il a su corriger les erreurs des précédents, et surtout, s’accompagner d’un des meilleurs personnages de fiction. Deuil de la Famille est loin d’être une œuvre parfaite, et encore moins un chef d’œuvre. Mais il réussit tellement bien son coup que la lecture s’est révélé être un véritable plaisir. Et puis, c’est épique. Et un Batman épique, ça se lit.