Honnêtement ça commence bien. C'est beau, avec une mise en couleur assez osée et plutôt réussie, surtout dans ses partis pris les plus radicaux. Et l'histoire propose un mélange habile de réalisme avec une petite touche de fantastique intéressante. Toute l'introduction est très bien faite je trouve, avec des personnages qui se construisent tranquillement et les dialogues sont très vivants et crédibles (excellent boulot de la traductrice à ce niveau là d'ailleurs).
Et puis après on part en zone de guerre. Et là, petit à petit, les clichés s'aligne et on perd toute profondeur. On nous mélange Avatar, Akira et Princesse Mononoké avec de la guérilla birmane et des thématiques liés au mercenariat moderne, et c'est plat. Pourtant avec ce melting-pot y avait matière à faire de bonnes choses, mais les personnages manquent cruellement de nuances et l'intrigue est bien trop manichéiste, empêchant tout rebondissement surprenant. On nous sert un final de blockbuster, très cinématographique sans saveur.
Je trouve dommage que le ton quasi intimiste du début s'estompe petit à petit. On perd en naturel sur la fin, peut-être qu'il aurait fallu plus de pages pour développer d'avantage les personnages, notamment les jumeaux en couverture qui n'arrivent jamais à devenir les figures fascinantes et centrales qu'ils devraient être. Et le fait que certains détails anodins du début soient utilisés en fusil de Tchekhov à la fin est chiant également, ça enlève un peu du naturel de l'histoire pour nous servir un récit où l'on sent les mécaniques d'écriture (autant le tatouage je veux bien, ça sert le récit, mais cette putain de lampe torche, non, c'est trop forcé).
Ça reste un récit agréable à lire. C'est très beau, les dialogues (surtout au début) sont bons, y a de bonnes influences et des thématiques intéressantes, la gestion du fantastique n'est pas mauvaise, mais c'est dommage que le rouleau compresseur d'une écriture façon blockbuster américain soit passé par là et qu'on ait pas eu une pagination encore plus importante. Là, du coup, ça reste un peu trop anecdotique, dommage, puisque j'étais bien emballé au départ.