BTP un jour, BTP toujours.
Cette fois César en a assez de ces gaulois qui refusent de se soumettre à la férule romaine. C'est qu'ils commencent à devenir lassant à la longue avec leur potion magique à la con. Et puis ces bras cassés de soldats pas fichus de mes battre aussi, non mais.
Face à ce village qui résiste encore et toujours à la loi romaine, le grand conquérant a trouvé, pense-t-il une solution radicale et efficace. Jules César a décidé d'appliquer un mode d'invasion particulier, celui qui se fait sans force armée mais avec des civils, beaucoup de civils, et des gens diplômés. Notre équipe de choc, Goscinny et Uderzo, s'attaquent donc au principe de neutralisation de l'adversaire par l'économie avec l'adresse qu'on leur connaît. Les romains ont une idée toute simple. La forêt protège les gaulois, leur potion magique aussi, ils sont autosuffisants ? Faisons donc disparaître tout ce qui fait leur autonomie. Le domaine des dieux, cité urbaine, doit rendre les gaulois ruraux dépendants des colons romains, exploitants le nouveau territoire. Cette mise en dépendance étant effectuée grâce à un pouvoir d'achat supérieur des romains fraîchement débarqués. Relation Nord-Sud quand tu nous tiens.
Face à cette nouvelle catégorie de consommateurs, le bonheur des dames, à savoir notre marchand de poissons, monte ses prix, la vie devient impossible pour les gaulois qui afin de pouvoir acquérir du poisson se mettent à en vendre également, il en va de même pour les antiquités. Lentement, toujours en quête de profit pour survivre à la hausse des prix causés par les romains, les gaulois en oublient leur mode de vie et s'appauvrissent grâce à des biens importés.
Autrefois unis contre l'envahisseur, les gaulois se désolidarisent pour leur faire plaisir, le projet est bel et bien en passe de réussir sans la mise en œuvre d'une tactique guérilla répondant au doux nom de musique locale. Les gaulois parviennent également avec force subtilité, à retourner les institutions romaines contre leurs bénéficiaires. Le régime esclavagiste romain est remis en question, ce qui paralyse par effet collatéral l'efficacité de la Légion avec la création de facto d'un syndicat militaire romain dès que les esclaves obtiennent le statut de salariés protégés. Autre thème riche en substance développé ici de manière décalée par les auteurs, notamment lorsque le centurion, souhaitant relocaliser la centurie dans le domaine des dieux, crée dans le chef de la troupe et cela de façon tout à fait machiavélique, un besoin auparavant inexistant. Aussi, lorsqu'invoquant le casus belli causé par l'architecte, les gaulois, avec force potion, donnent-ils l'assaut, les romains, occupés à élire le syndic de l'immeuble ont déjà perdus depuis longtemps.
C'est un des rares albums où le village gaulois, dans on intégralité, est soumis à une tentative romaine impossible à contrecarrer avec la potion magique uniquement. Le sujet, sous ses dehors extrêmement comiques, est en réalité tout à fait sérieux et a des relents historiques bien réels. La chute de cet album, sous ses dehors réjouissants se manifestant par l'habituel banquet, est en vérité bien sombre. La question d'Astérix n'est pas innocente et la réponse de Panoramix l'est encore moins : les gaulois n'ont jamais fait que gagner du temps. Pour le première fois ou presque, la réalité du rapport de force est perceptible.
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