Pour apprécier ce "Faune Dansant", il faut d'abord passer outre le graphisme discutable, s'appuyant sur une technologie qui a pu paraître moderne à l'époque de la parution de l'album, mais qui est plutôt, a posteriori, désespérante de froideur anonyme. Oui, pour aimer ce livre - car je l'ai aimé, je l'avoue - il faut savoir se concentrer sur le récit, qui est remarquable à plusieurs niveaux : d'abord de par son thème central - et souterrain - introduisant le mythe du vampire au cœur d'une histoire d'espionnage à haute tension située pendant la seconde guerre mondiale, un thème réellement original (ce que l'on ne rencontre pas tous les jours !) ; il y a ensuite la formidable complexité de l'intrigue, multipliant personnages, lieux divers à travers l'Europe, et sous-intrigues dont on perçoit la possible convergence, le tout servi par une narration extrêmement claire, qui ne perd jamais le lecteur (bon, attentif, tout de même, le lecteur...). Le seul bémol dans le travail de Nury est sans doute une certaine fadeur des personnages, qui résulte peut-être d'ailleurs également de l'inhumanité inhérente au graphisme. On se précipitera en tous cas sur le second volume, pour voir s'il confirme cette bonne première impression. [Critique écrite en 2016]