Moi, quand on m’en fait trop j'correctionne plus, j'dynamite, j'disperse, et j'ventile.

Amateurs du Parrain qui en êtes arrivés à cet ouvrage parce que le titre vous rappelait bien évidemment Vito Corleone, passez votre chemin. Ou plutôt si ! Venez faire un tour ici, sur l'île de Sicile, territoire bien plus dangereux que les gratte-ciels de New-York. Venez découvrir le berceau de la vraie mafia, cette Cosa Nostra qui s'est ensuite exportée de l'autre côté de l'Atlantique.


Si l'histoire de ce livre commence aussi dans la fin des années 40, elle hanta surtout les années 70 et 80 et perdura même jusqu'en 2017 ramenant ces évènements beaucoup plus proches de nous, leur donnant soudain un vif éclat de réalité et chassant surtout du même coup le charme suranné des films de gangster.


La faute aussi au personnage principal : Totò Riina dit “la belva”, le fauve.

Ici, point de Michael Corleone, gangster racé, charismatique, au grand code moral malgré sa haute position dans le crime organisé. Nous voilà face à un homme tout aussi intelligent mais beaucoup plus sauvage, animal. Qui n'est monté dans les échelons de la Cosa Nostra qu'à coup de révolver, fusils et autres façons de tuer son prochain et ses concurrents, balisant son ascension d'une trainée de sang. Il déclencha ou participa à deux guerres gangs. Il eut la peau de trois juges. On lui attribue plus de 150 meurtres dont une quarantaine de sa main. Et tout ça... n'est que pure réalité !


Jean-David Morvan n'a depuis longtemps plus rien à prouver dans maîtrise du scénario mais il trouve ici une belle manière d'aborder le biopic. En effet, c'est par le biais d'une conversation entre Riina le criminel au crépuscule de sa vie condamné à perpétuité et le simple paysan qu'il aurait pu être que Morvan nous raconte l'histoire de cet affranchi qui a régné sur la Sicile mafieuse et fait trembler tout l'île. Cette méthode permet d'avancer dans le récit ou plutôt replonger dans la mémoire et le passé sans trop d'artificialité et même apportant du dynamisme à un exercice trop souvent lourd et linéaire, tout en se permettant des mises en scène ou des textes plus didactiques parfois bienvenues.


On peut louer aussi un très bon travail du côté de Facundo Percio et ses assistants dont le dessin et la mise en couleur sont plus que maîtrisés et collent bien aux personnages et à l'ambiance qu'ils retranscrivent. J'ai juste cherché un sens dans l'alternance des couleurs, pensant que derrière se cachait une certaine logique mais je n'ai rien trouvé (peut-être suis-je passé à côté).


Juste un petit souci à déplorer pendant la lecture mais qui est très courant dans ce genre de récit, d'autant plus que ce dernier s'étale sur plus de cinquante ans : on a affaire à beaucoup de protagonistes et il est parfois difficile de se rappeler qui est qui et même à qui appartient ce visage mais dans la majorité du temps, ça ne constitue pas un frein à la compréhension de l'album.


C'est donc un nouveau pan (et pourtant la plus ancienne) de l'histoire de la mafia qui s'est ouvert à moi via cet album, quittant les poncifs états-uniens pour découvrir le berceau de ce monde parallèle longtemps et toujours fantasmé mais à la réalité bien plus sordide comme nous le rappelle l'aventure sanglante de Totò Riina, le fauve de Corleone.

Tellak
7
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Créée

le 7 mars 2024

Critique lue 13 fois

Florian

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