Le fil qui chante et le Morris qui pleure.....
Cet épisode ne vaut sans doute pas la note de 9 que je lui ai attribué (plus surement 7, voire 8) mais que voulez vous, il fait partie des 5 premières BD que j'ai possédé il y a maintenant une bonne vingtaine d'années. (les 4 autres? "Jesse James" et "Le Bandit Manchot" pour Lucky Luke et "La Zizanie" et "Le grand fossé" pour Astérix, les Tintin venant plus tard.......).
La couverture (Luke accroché à un poteau télégraphique enflammé, en tête à tête avec un vautour se pourléchant d'avance les babines.....) est donc ancrée à vie dans ma mémoire et c'est donc un 9 sentimental.
C'est également la dernière histoire de Lucky Luke scénarisée par Goscinny qui laissera orphelin le monde de la bande dessinée quelques mois plus tard.
Le scénario est la copie presque conforme de "En remontant le Mississippi. C'est en effet une course entre deux groupes, l'un dirigé par Edward Creighton accompagné de son chef des travaux, l'infâme Willard Bradwell et partant du Nebraska, l'autre, commandé par le toujours très optimiste James Gamble, secondé par notre poor lonesome cowboy, démarrant dans l'état du Nevada. Le but: rejoindre, tout en installant la ligne du télégraphe, la capitale mormone, Salt Lake City.
Bien sûr, la caravane devra affronter les évènements climatiques (dont le manque d'eau) et autres obstacles terrestres, les indiens et surtout les sabotages d'un espion à la solde de Bradwell ( inspiré d'un obscur acteur oublié, Brian Donlevy, c'est l'une des plus belle tête de fourbe qu'il m'ait été donné de voir dans l'univers de Morris) et immergé dans l'équipe de Luke. Et là ou Goscinny est fort c'est que le lecteur lui-même ne sait pas qui est cet espion puisqu'on ne lui aperçoit que les mains au début de l'histoire. On mène donc nous aussi nôtre petite enquête au fur et à mesure que s'installe dans l'équipe la suspicion laissant apparaître le côté sombre et peu agréable de l'espèce humaine (si cher à René).
On notera également, dans cette album, la présence importante de personnage historique car outre Bradwell et Donlevy (qui ont réellement existé) on retrouve le plus charismatique des présidents américain, Abraham Lincoln et Brigham Young le "Moïse" Mormon.
Subsiste également une légère dose de nostalgie à travers ce récit, car l'apparition du télégraphe (et donc du progrès) laisse poindre à l'horizon la fin de l'Ouest Sauvage.
Enfin, Goscinny, pour son dernier scénario (Snif.....snif....) s'est sans doute librement inspiré d'un des premiers films de l'immense (et pas que par la taille) John Wayne, "The Telegraph Trail" (1933).
En résumé, nous n'avons certainement pas le scénario le plus original sorti de l'immense cerveau de Goscinny, mais la galerie de personnage, l'humour et le trait de Morris font que malgré le fait que Lucky Luke soit un peu effacé et inhabituellement cynique dans cette aventure, le lecteur passe un agréable moment.