Mahel Naher est une jeune femme évoluant dans une mégalopole aux règles étranges, mais pas si éloignées des nôtres : grâce à ce qu'on appelle la Présence, chaque être vivant doit faire en sorte que son nom soit présent dans l'esprit d'un minimum de gens, sinon... c'est la mort assurée.
Pourtant, Mahel ne souhaite pas vivre ainsi, encore plus depuis qu'une chanteuse célèbre portant son nom accapare toute sa Présence. Avec son ami, elle va tout faire pour s'extirper d'une société qu'elle ne supporte plus, afin de rejoindre une mystérieuse zone nommée Le Grand Vide.
Pour son premier fait d'armes, la jeune dessinatrice Léa Murawiec frappe fort avec ce one-shot très graphique, à mi-chemin entre l'art naïf et le manga, dont le rythme ne tarie jamais.
L'influence manga se ressent d'autant plus quand on observe deux choses : d'abord, les personnages aux formes arrondies, qui ne sont pas sans rappeler ceux des mangas de Ozamu Tezuka, le père fondateur du manga moderne.
Et enfin, l'environnement urbain très détaillé, qui n'est pas sans rappeler les segments détruits de Néo-Tokyo dans Akira, le manga de Katsuhiro Ottomo.
Vous l'aurez compris , c'est un plaisir visuel de contempler l'aventure de Mahel dans ce cadre trichromique de toutes beautés. Mais c'est aussi une œuvre de réflexion sur l'obsession qu'ont nos sociétés sur le culte de l'image de soi et l'envie de laisser une trace dans l'histoire du monde, obsession qui se traduit graphiquement par des double pages de bâtiments saturés de noms et prénoms, ne laissant plus voir qu'un horizon de noms.
Alors que Mahel cherche désespérément à exister dans cet océan de patronymes, la question qui se pose alors est : qu'y a t'il dans le Grand Vide ?