Le Mage Acrylic
6.8
Le Mage Acrylic

BD franco-belge de Philippe Druillet et Serge Bihannic (1982)

Je ne sais pas si quelqu'un connaît cette bd et surtout Serge Bihannic, mais c'est absolument énorme sur le plan du dessin, je dirais même vertigineux. Pour ce qui est du scenario, c'est une autre histoire, j'y reviendrai.

Attention, la couverture de l'album, intrigante, ne paie pas de mine, en couleur et plutôt moche, alors que la bd est magnifique et en noir et blanc... : il faut aller au-delà de cette mauvaise première impression, ça vaut vraiment le coût.

Car dans le dessin de Bihannic, il y a du Dürer, un peu de Dali, ou encore du Bilal première période. Et on est proche de la gravure, c'est monstrueux, ce dessin est une tuerie, la première planche est absolument somptueuse. On notera aussi un gros travail au niveau du lettrage, varié, et sur le plan de l'organisation des planches, avec des cases pas toujours carrées et des courbes qui arrondissent élégamment les angles. Ça c'est de la bd. Si après quelqu'un ose encore parler d'art mineur...

Les dessins sont donc fabuleux, on peut aimer ou pas, et il est évident que beaucoup n'apprécieront pas forcément, mais il me semble incontestable que ce Bihannic a un talent fou, c'est un véritable virtuose. Graphiquement donc, rien à redire, c'est magnifique si on aime ce style et des bestioles à la Lovecraft.

Souvent je dévore une bd, surtout attiré par l'histoire, je veux savoir la fin. Ici, non, on prend le temps, on admire les cases, le texte n'est pas le plus important, d'autant plus que le scenario de Druillet est un peu faiblard.

L'album comprend trois histoires, « Histoire du cube de pierre « (pour moi la plus réussie), « la reine dorée. Fable d'extérieur » puis « Histoire du mage Acrylic », comprenant respectivement 5, 6 et 33 planches. Avec un personnage récurrent : le sûr de lui mais marginal Hurath, « prince des voleurs », confronté à des phénomènes magiques. On est dans de l'héroic fantasy, avec un peu d'humour en plus.

Le scenario est assez moyen, pas toujours très clair, mais on peut noter de la part de Druillet quelques phrases sympas comme : « vigilance manant, ça sent le soufre et je préfère l'odeur de l'or ».

En tout cas, il faut être un peu fêlé ou avoir un penchant pour la fumette pour pouvoir produire ce genre d'album, d'ailleurs on y trouvera plusieurs références à la défonce (je ne connais pas Bihannic mais on sait que Druillet a été un consommateur de LSD). Certains trouveront assurément que ça part un peu vers le n'importe quoi, et au niveau du scenario, on ne peut complètement les contredire, mais cet album méconnu est d'abord et avant tout une prouesse graphique qui mériterait d'être davantage connue.

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le 29 févr. 2012

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socrate

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