Le mec du milieu par belzaran
Parfois, j’aime acheter des bande-dessinées d’occasion en les feuilletant à peine. Leur bas prix m’incite à prendre des risques. Ici, ce fut un risque limité par le fait que « Le mec du milieu » est paru dans la collection « Shampooing », qui ne rarement réellement déçu. Cependant, un livre sur une fille qui raconte ses râteaux, c’était sacrément casse-gueule. Surtout que je ne connaissais pas du tout l’auteure, Sophie Awaad. Alors, bonne surprise ou pas ?
Cet ouvrage est autobiographique. On retrouve donc la vie de Sophie, de l’école primaire au lycée, cherchant à trouver un amoureux. Le problème, c’est que Sophie se voudrait mec. Hélas, avec son premier râteau (avec une fille), elle va se retrouver d’un coup dans une situation de fille… N’étant apparemment pas un canon de beauté, elle va passer des années à être transparente pour la gente masculine. L’histoire se focalisera très vite sur le fameux mec du milieu, échec retentissant et apparemment fondateur d’une vie sentimentale ratée.
C’est donc le premier livre de cette auteure et c’est une excellente surprise. Non seulement, Sophie Awaad fait preuve de l’autodérision indispensable pour ce genre d’ouvrage, mais elle le fait avec un humour bien plus original qu’il n’y paraît. En effet, on voit son double adolescent se plaindre et la Sophie d’aujourd’hui n’hésite pas à commenter. Ainsi, quand l’une geint un « je ne le verrai plus jamais !!! », l’autre commente : « je confirme ». Mais pire que ça, l’auteure se moque même de son alter-ego avec des « tu parles ! », « ben tiens ! » bien sentis qui renforcent fortement l’humour de l’ouvrage. Ainsi, la narration se situe à plusieurs niveaux avec une ironie d’un côté et une immédiateté adolescente de l’autre. C’est clairement la réussite de ce livre.
Il va sans dire que le succès de genre d’autobiographie passe par un minimum d’identification. Etant un homme, ce n’est pas forcément gagné… Cependant, l’esprit de l’adolescente transpire tellement la lose (on espère fortement que le trait est forcé…) que l’on ne peut que se rappeler nos propres errances et amours désespérés, typiques de cet âge-là (après, ça devient pathologique).
Le dessin accompagne très bien le propos avec un noir et blanc élégant, dessiné au pinceau. Certes, il y a peu de décors mais à aucun moment ça ne gêne réellement. La maîtrise du placement des bulles force le respect par moment, participant parfaitement à l’esprit « je réfléchis trop » du personnage. De même, les traits de Sophie sont divers et variés, de la nunuche à la folle furieuse et il est louable de voir autant d’expressions percutantes sur un même personnage. Sans cela, la BD n’aurait pas été la même.
Au final, j’ai été séduit par cette histoire. Pleine d’autodérision, racontée par une double narration efficace et servie par un dessin adapté, j’ai passé un agréable moment. J’ai ri par moment et souvent souri à la lecture. Une auteure à découvrir !