Le western opéra
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Commencée en 1977 dans l'hebdo hollandais Eppo, la saga Storm est certainement l'une des BD de science-fiction les plus réussies de l'époque, et même encore aujourd'hui, malgré le fait que le genre s'est grossi de multiples BD aux composants modernes, Storm de par ses atouts, tient toujours la route parce que la SF était traitée de façon intelligente et non de façon naïve comme l'avaient fait les bandes américaines genre Buck Rogers et Flash Gordon, d'autant plus qu'en France, la SF littéraire était plutôt prise au sérieux, et dans Storm, on sent quelques références.
Son succès revient surtout au dessinateur britannique Don Lawrence et à son dessin hyperréaliste dont le rendu quasi photographique atteint une précision et un sens du détail rarement égalés, et où les couleurs jouent un grand rôle. Cette technique de dessin en relief a fait de Lawrence un véritable magicien de l'image, et sans palette graphique puisqu'à cette époque, ça n'existait pas encore. Il avait déjà expérimenté cette technique sur sa précédente série, L'Empire de Trigan.
L'autre atout est la mise en place d'un univers influencé au départ par celui de Flash Gordon (surtout perceptible dans les peuples primitifs que croise le héros), et qui utilise des éléments peu courants dans les séries de SF de l'époque, mais qui ensuite installe sa propre mythologie.
Dans cet univers apocalyptique aux décors surprenants, rempli de sortilèges, de créatures étranges, de tyrans cruels, de savants fous et de mutants, Storm et Redhair (qui devient vite sa compagne) doivent se méfier de tout, ils sont à peu près les seuls humains normaux dans ce monde étrange où la civilisation a régressé et où se télescopent la technologie pointue et les armes archaïques.
Ce premier album qui démarre la série, introduit le héros dans ce monde de cauchemar, il est traité rondement, l'action s'enchaîne sans temps morts, et quelques pages suffisent pour que Storm sente à peu près à qui et à quoi il a affaire. On est littéralement subjugué par le dessin de Lawrence qui offre des images magnifiques, comme celle en pleine page de fin d'album où Storm et Redhair sont sur un radeau en route vers l'inconnu ; on a envie de savoir vers quel destin ils voguent.
Une superbe série injustement méconnue, à redécouvrir d'urgence mais qui hélas sera peu facile à se procurer, elle a été éditée en France par Glénat dans les années 80 et publiée dans le magazine Circus, j'en suis de suite tombé fan, alors que la SF en BD n'est pas mon genre préféré ; Glénat a édité une quinzaine d'albums mais ne les pas réédités ni en intégrale, d'où ce côté culte qui s'est forgé et surtout la rareté, car pour dégoter des albums, même en vide-grenier ou en bouquinerie, croyez-moi, faut se lever de bonne heure, et même si on en trouve, ils peuvent valoir la peau des fesses. Je connais quelqu'un qui avait tout revendu et qui ensuite s'en est mordu les doigts, moi je possède les 5 premiers albums et je ne m'en séparerais pour rien au monde.
extrait de planche : https://www.bedetheque.com/media/Planches/PlancheA_9233.jpg
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Créée
le 24 janv. 2021
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