Qu'il est ardu de faire son trou dans le segment très concurrentiel des romans graphiques chronique sociale, je ne saurais donner une liste exhaustive des conditions à remplir pour que le récit fasse mouche. Parce que plus que tout autre BD ce genre de bouquin est lié à la capacité d'émouvoir.
En ce sens Le Muret a trouvé l'alchimie, le bon mélange, entre noirceur de l'intrigue d'autant plus aidée par le dessin qui taille sur mesure des atmosphères bien plombantes en pleine page, et ces séquences ô combien touchantes et lumineuses. Ces moments où l'héroïne -une ado devenue électron libre par la force des choses- en pleine perdition, retrouve un peu d'espoir.
L'écriture tout comme le trait est juste et fluide, tout se déroule très naturellement comme si le couple aux manettes était pas du tout dans leur coup d'essai. L'ensemble est du coup très fort, peut-être un peu court (ou simplement la faute à aucune baisse de rythme ?), mais c'est clairement une bien bonne BD qui sait parfaitement comment tirailler nos petits coeurs tout mous.