MiyazaKon
Comparer les mangas de Satoshi Kon à ses compositions animées, car je n’allais pas faire l’impasse sur le contraste séparant les deux registres, revient à nous assurer que, oui, décidément, l’auteur...
le 9 nov. 2024
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On apprend, dans un entretien intéressant donné par Satoshi Kon à la fin du manga, à quel point la gestation de cette œuvre (son premier manga au long cours, daté de 1990) fut difficile pour lui, qui eut bien du mal à se faire au rythme de production imposé par un hebdomadaire (on comprend aussi malheureusement que son métier de mangaka / animateur avait déjà commencé à cette époque à lui ruiner la santé...).
Cela se ressent (un peu) au niveau du dessin (celui-ci restant globalement très beau, avec un découpage fluide et de belles planches très aérées) mais surtout au niveau du script, inégal ; on sent surtout que, dans cette œuvre de jeunesse, Kon n'a pas encore totalement lâché les rênes et laissé parler l'extraordinaire inventivité qu'on lui découvrira plus tard, en particulier dans ses films: le scénario n'est dans l'ensemble guère original, et même (disons-le) guère palpitant, avec ses enjeux (la méchante urbanisation venant défigurer la nature) et son méchant promoteur privé un peu caricaturaux (d'où le titre ironique de cette critique).
Satoshi Kon brille cependant déjà par la caractérisation très réussie de ses personnages, très vivants; si le héros demeure un petit peu fade (très archétype du mec japonais introverti), il propose en particulier un très beau portrait de jeune femme revenant dans la ville de son enfance après une désillusion à la grande ville (là aussi, les oppositions demeurent un peu binaires, surtout venant d'un réalisateur qui sera l'un des tous meilleurs pour retranscrire et faire vivre des milieux urbains - dans la veine de Momoru Oshii).
De toute évidence, Satoshi Kon restera dans les mémoires avant tout comme un très grand réalisateur, plutôt que comme un grand mangaka; ce n'est pas qu'il n'avait pas le potentiel pour devenir un grand auteur de manga (loin de là!), mais il est clair que Kon n'a aussi vraiment pas été gâté par la chance pour ce versant de son activité (cf. son intéressant "Opus", où il brise ingénieusement le 4e mur, mais qui sera interrompu précocement, et surtout "Seraphim", son projet manga avec Mamoru Oshii, qui avait tout du chef-d’œuvre en devenir, mais qui, là encore, sera interrompu rapidement pour cause de désaccord entre les deux hommes...ces deux mangas datant des années 1995-1996, avant que Kon ne délaisse très largement le manga au profit de l'animation - pour notre plus grand bonheur au demeurant). Bref, le diamant Kon aura surtout pu briller de tout son éclat dans ses œuvres animées.
Je mets donc 7/10 ici, mais je vous préviens que vous avez affaire à un vrai admirateur et complétiste de Satoshi Kon. Ce manga m'a personnellement intéressé, car j'ai aimé retrouvé le trait souple et élégant de Kon, et parce qu'il me permet d'encore mieux saisir le déroulé de sa carrière. Après, ce n'est clairement pas un manga que je recommanderais dans l'absolu pour un moment détente à un ami (il y a bien mieux dans la production actuelle) ou bien pour quelqu'un qui voudrait rentrer dans l'univers de Kon (ses films demeurent, de loin, sa meilleur porte d'entrée).
J'avais dit un peu de mal des éditions Pika et de leur collection Pika Graphic au sujet du manga Blue Corner dessiné par Taniguchi, qui, selon moi, n'avait pas vraiment de raison valable d'être publié en France en raison de sa médiocrité, surtout en grand format et à un prix relativement élevé: https://www.senscritique.com/bd/Blue_Corner/critique/179013611.
Je ne peux par contre que les féliciter de leurs rééditions des mangas de Satoshi Kon (outre ce Pacte de la mer, ils ont aussi publié Fossiles de rêve, son recueil d'histoires courtes), qui s'insèrent bien, pour le coup, dans le grand format de cette collection, ce qui permet de profiter à plein de la beauté du trait de l'auteur et de ses belles compositions de pages.
Mais je maintiens l'affirmation selon laquelle beaucoup des œuvres publiées dans cette collection ne mérite ni un grand format (consommateur de beaucoup d'espace sur les étagères!) ni l'investissement demandé. Je vais ainsi malheureusement devoir faire l'impasse, pour ces raisons, sur l'achat d'un manga d'un auteur que pourtant j'adore: le Détonations de Tsutomu Takahashi...
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Créée
le 28 oct. 2018
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