Le duo magique Brubaker-Epting nous raconte les tous débuts de l'univers Marvel, de l'arrivée des premiers super-héros en 1939 à l'entrée en guerre des Etats-Unis avec la formation des Invaders.
Alors oui, c'est une histoire qui a déjà été plus ou moins racontée ailleurs, dans les séries solos des héros concernés, dans les séries Invaders, dans le premier numéro de l'incroyable série Marvels de Busiek et Ross... Mais là, Brubaker décide de s'y intéresser longuement (8 numéros tout de même !) et part dans une démarche différente de celle de Busiek qui racontait vraiment le point de vue de l'homme de la rue. Là il part sur le point de vue d'un vigilante de second zone, mais aussi et surtout sur une vision plus militaire des événements en s'intéressant pas mal aux agents nazis infiltrés aux USA et aux opérations américaines en Europe avant l'entrée en guerre officielle de l'Oncle Sam.
Donc ça reste quand même différent de Marvels, avec notamment une tonalité générale plus sombre, plus influencée par les films noirs et les films de guerre, avec quelques accents pulp, un ton assez caractéristique de Brubaker. Et puis il y a une envie d'exhaustivité, en montrant pas mal de héros mineurs de l'époque en action, dont certains qui sont pas mal développés, comme John Steele que l'auteur va ensuite ramener à l'époque moderne dans ses Secret Avengers.
Franchement si cette période de l'univers Marvel vous intéresse, c'est vraiment très bien fait et intéressant, une bonne modernisation de ce récit avec pas mal de bonnes idées comme ce concept génial de voir le héros de western Two-Gun-Kid mourir juste avant le début de l'âge des merveilles et transmettre ses guns à l'un des premiers héros de la période.
Et notons aussi la partie graphique sublime avec un Steve Epting en pleine forme qui fait des merveilles sur les flammes de la Torche Humaine et qui arrive également à rendre classe Angel, alors qu'il a un costume complètement ridicule, en jouant habilement sur les effets de la cape.
Après, l’œuvre n'est pas exempt de tous reproches. On pourra regretter les retcons fait par rapport aux versions historiques des rencontres entre les héros (notamment entre la Torche et Namor) là où Marvels se voulait hyper fidèle par exemple. Ceci dit, ça permet à Namor de garder toute son ambiguïté et ça fait mieux passer son alliance du côté américain, là où dans la version de Roy Thomas c'était étrangement amené.
On regrettera aussi l'absence quasi totale de personnages féminins, que ce soit les premières super-héroïnes ou même la flic Betty Dean, la première alliée humaine de Namor.
Enfin, il y a cet étrange choix de narrateur. Pourquoi pas choisir Angel, mais vu qu'il reste à New-York tout le temps et qu'il ne fait pas parti des militaires, il y a plus de la moitié de l'histoire à laquelle il n'assiste pas. Ensuite, le gars ne fait jamais rien, au bout d'un moment il passe plus de temps en haut des immeubles avec la cape au vent à regarder ce qu'il se passe ailleurs plutôt qu'à sauver la veuve et l'orphelin. Le gars ne prend même pas part à la bataille finale, du coup son histoire tombe à plat, surtout quand le gars termine par dire que cette époque était le bon temps, alors que c'était la guerre avec des milliers de morts. Mais bon, peut-être que depuis New-York ça paraît cool.
Et globalement, le final de la série est assez tiède, là où le premier numéro était vraiment d'excellente qualité.
Malgré ces quelques réserves, c'est vraiment une super histoire, hyper agréable à lire, très intéressante, et ça fait plaisir de voir dans un même récit les débuts des trois grands héros Marvel (Captain America, la Torche, Namor) mais aussi ceux de Nick Fury et de pleins de héros mineurs. Et ça faisait plaisir de voir le vilain U-Man. Une bonne lecture à conseiller pour ceux qui veulent en apprendre plus sur la période avant-guerre de l'univers Marvel.