Encore un souvenir : j'avais peut-être bien 18 ans peut-être un an de plus ou de moins, peu importe, je vivais toujours chez papa et maman, mon frère, quatre ans plus âgé que moi, vivait sous le même toit ; il avait adopté trois rats qu'il laissait dans le petit salon commun à l'étage (mes parents avaient le leur en bas, nous avions le nôtre en haut). Et de temps à autre, il les laissait un peu en liberté contrôlée afin qu'ils n'aillent pas bouffer les câbles de l'ordinateur ou de la télé : il les sortait, les gardait sur son épaule, les laisser circuler sur le clic-clac ou les déposait dans la bibliothèques, les rongeurs parvenant sans mal à se frayer un chemin depuis le bas de l'étagère jusqu'en haut. Ces petites bestioles aimaient bien cet endroit, ils ne cherchaient que rarement à s'en éloigner, on pouvait les y laisser pendant une heure ou deux comme ça. Un jour, je sélectionnai une BD et au moment de l'ouvrir, je remarquai une petite résistance en haut des feuilles, et l'ouverture était accompagnée d'un petit 'crrrrc' comme si quelque chose se décollait tout du long. J'ai alors inspecté les feuilles de plus près et ai compris : ces petits animaux faisaient leurs besoins régulièrement une fois à l'abris dans la bibliothèque. Assez bizarrement, la série de BD qui a le plus morflé, c'est celle de "Le Chat" de Geluck. J'y ai repensé parce que la couverture de "Le quatrième Chat" est toute jaunie à l'arrière : c'est tout simplement horrible. Heureusement, je n'ai pas pour habitude de me lécher les doigts pour tourner une page (ceci dit, j'ai essayé une fois car je n'en comprenais pas l'intérêt autre que faire son malin, et en fait c'est utile : j'utilise surtout cette technique d'humidification quand je dois ouvrir un sachet plastique - poubelle par exemple).
Ce quatrième tome est dans la lignée des précédents. Cette fois, la petite originalité, et qui est celle que j'attendais depuis ma relecture de la série, c'est l'utilisation d'images 'volées' et détournées. En effet, s'il y a bien une chose pour laquelle cette série m'a marqué c'est qu'elle fut la première à me confronter aux détournements. Et Geluck a toujours accompli cet exercice avec beaucoup d'ingéniosité.
Le reste de l'album est sans faille, on y retrouve toujours le même type de mise en page qui fonctionne, des jeux de mots subtils, mais aussi quelques blagues bien grasses. De tout. On pourrait reprocher à l'auteur de ne pas chercher à se remettre en question, mais est-ce vraiment nécessaire ? Je trouve ses pages fort distrayantes, je prends toujours beaucoup de plaisirs à découvrir ses brèves de comptoir et de temps en temps je pousse un rire franc exprimant ma joie.
Bref, "Le quatrième chat" est un très chouette album, dans la lignée des précédents.