Derrière cette étrange couverture représentant une bondrée (un rapace qui ressemble à une buse) sa cache le troublant récit d’un libraire nommé Simon Antonisse qui, après avoir assisté, impuissant, au suicide d’une femme au détour d’un chemin, se remémore ses souvenirs d’enfance, quand son meilleur copain d’alors est mort lui aussi sous ses yeux.
Perturbé par ces images et par ces souvenirs douloureux dont il n’a jamais parlés à personne, Simon sombre dans la déprime. Sa femme ne comprend pas son soudain changement d’attitude et surtout son refus de vendre la librairie qu’il a hérité de son père il y a quelques années mais qui ne tourne plus. Mais la rencontre inattendue d’une jeune femme va peut-être lui faire retrouver espoir.
Le retour de la Bondrée (Prix Saint-Michel de la meilleure bande dessinée néerlandophone) est le second titre traduit en français de la Néerlandaise Aimée de Jongh. Dans un noir et blanc assez saisissant, l’auteure signe un drame psychologique plein de sensibilité mettant en parallèle l’enfance de Simon et sa vie d’adulte dans deux récits qui s’entrecroisent avec au centre des thèmes aussi sensibles que le suicide, la culpabilité, la dépression, le non-dit ou le harcèlement.
Si le scénario peut paraître un poil convenu par moment, en revanche le dessin en noir et blanc contrasté et très expressif qui s’expose dans de grandes cases sur près de 160 pages, est une vraie réussite, rappelant par moments celui de Chabouté, avec un gros travail sur les visages et sur la manière de représenter la nature. Le tout réalisé dans des encrages très soignés apportant une force incontestable à cette troublante bande dessinée qui exprime beaucoup de choses autant dans les parties dialoguées que dans ses longues planches muettes. A retrouver sur BENZINE