Le rêve de mon père est une œuvre de jeunesse de Tayo Matsumoto. On y retrouve de nombreux éléments qui vont devenir importants dans son œuvre. S'est un récit charnière pour son importance thématique mais aussi parcqu'il témoigne de la confirmation du style de Matsumoto.
Comme dans Zero, l'auteur prends le manga de sport et le retourne dans tout les sens. On suis Shigeo, élève brillant au sérieux exemplaire. Sa mère va lui demander de vivre chez son père pour l'été. Leur retrouvaille s'avère difficile tant Shigeo s'oppose à son père, Hanao. Hanao est un homme qui vie pour et par le Baseball, il est très fort malgré ses 30ans passées et son ventre bedonnant. Son rêve est d'être joueur professionnel chez les Giants. Shigeo en veux à son père de les avoir délaissé lui et sa mère pour un rêve qu'il trouve autant inutile qu'irréaliste (il appelle même son père par son prénom).
Il est très beau de voir la relation père/fils évoluer peu à peu, voir son père embrasser la vie et s'émerveiller des petits riens de l’existence va faire du bien à Shigeo Il va peu à peu en apprendre plus sur Hanao et une vraie et belle relation va se tisser entre eux.
Hanao montre à son fils ce qui est vraiment important dans l’existence. Rêver, rire, regarder le monde autour de soi avec plein d'amour. L'opposition entre un père rêveur et un fils calculateur et normé amène une belle réflexion sur la relation entre le rêve et la raison.
Ce manga est un crie d'amour pour les liens père/fils. La relation qui va se tisser non sans difficulté entre les deux personnages principaux est d'une grande beauté, d'autant plus qu'elle apporte de la force aux personnages.
Si visuellement, Matsumoto se montre parfois encore hésitant, la lecture dégage un cachet et ne ambiance unique. Chaque planche fait preuve d'une délicieuse maladresse dans le trait. C'est de cette (fausse?) maladresse que née l'émotion, dans les perspectives déformées, dans le cadrage d'une grande intelligence et dans la narration ponctué de cases en noir dans lequel le narrateur parle. Le rêve de mon père est d'une inventivité visuelle constante.
Le récit est constamment ponctué d'apparitions surréalistes qu'on retrouvera plus tard dans Number 5.
Si l'oeuvre n'est pas forcément attirante ou facile d'accès visuellement, elle révèle énormément de chose quand on s'y plonge. Personnellement, s'est une des claques visuelle de ses dernières années tant le trait si singulier de Matsumoto est puissant et touchant.
Le rêve de mon père est un manga de sport assez unique. Le Baseball est ici utilisé comme vecteur de rêve, de cohésion et d'entraide et non comme une compétition systématique. L'humour est très présent et apporte autant rire que poésie. Il est rare de voir un humour utilisé aussi finement tant il renforce tout les aspects du récit. La relation entre Shigeo et Hanao est une des plus belle que j'ai lu en bande dessinée. La connaissance des autres et la compréhension mutuelle est ici amené avec progression durant les trois tomes afin d'amener à un final d'une grande beauté. Une œuvre de jeunesse de Matsumoto indispensable pour tout adepte de l'auteur et un grand moment de lecture pour les curieux qui s'y attarderont.
Une lecture aussi rare que précieuse.