A l'époque, je connaissais le nom de Makyo pour son travail de scénariste sur "Ballade au bout du monde", réalisé avec Laurent Vicomte au dessin et dont j'appréciais les premiers tomes. Ainsi que son travail sur quelques tomes de "Jérome K. Jérome Bloche" et "Grimion gant de cuir" auquel je n'ai jamais trop accroché par contre (pour ce dernier).
Je crois me rappeler que j'avais découvert "Le roi Rodonnal" dans le magazine Spirou auquel j'étais abonné à l'époque. Quelle surprise de voir que c'était le même Makyo qui avait réalisé entièrement cette histoire et montrait par la même occasion ses talents de dessinateur.
Une petite histoire fantastique, sans prétentions, aujourd'hui (presque) totalement tombée dans l'oubli... Mais pourtant... Tant d'années après, cette petite BD était restée gravée dans ma mémoire et après des efforts de recherche sur internet, j'ai réussi à en retrouver le nom et à en récupérer un exemplaire.
On suit un jeune lecteur qui s’arrête devant la vitrine d'une petite librairie. Après avoir fouillé partout son attention est attirée par un curieux livre dont les pages sont vides à part une unique illustration sous-titrée de l'énigmatique "L'envers du roi est l'harmonie".
Après une rapide discussion avec la propriétaire de la librairie, il se retrouvera projeté dans l'univers du livre. "Le Roi Rodonnal" narrant son parcours pour retrouver son chemin vers le monde réel.
Toute l'histoire tient dans ce (fin) tome unique, ce qui est clairement sa faiblesse mais peut-être aussi sa force, à côté des nombreuses séries qui n'ont pas su s’arrêter au bon moment. Quoi qu'il en est, elle laisse clairement un goût de "trop court" et d'inachevé.
Mais je vois deux grandes forces à cette BD qui pour moi la rende assez unique :
- Déjà, le dessin de Makyo en lui même qui -sans être extraordinaire- m'a beaucoup plu et a vraiment son originalité : J'aime beaucoup ses encrages, ses textures et ses zones de noirs assumés.
- Mais la qualité principale de cette œuvre est sans le moindre doute l'originalité de cet univers et le travail créatif qui a été fait. Créativité en terme de visuels, de design : les paysages grandioses, les bâtiments étranges aux formes arrondies, autant que les créatures que croise ce jeune lecteur égaré.
Créativité aussi dans le bestiaire qui peuple cet univers très étrange.
Tout est "bizarre"... tout est étrange...
Mais ça rend pour moi cet univers assez envoutant.
C'est une petite histoire simple et courte et il ne faut surtout pas s'attendre à un chef d’œuvre non plus, on serait déçu. Mais une chose est claire pour moi : L'univers très onirique de cette BD a la grande force d'être suffisamment original et unique pour que 30 ans après des images et une ambiance bien particulière me soient restés gravés en mémoire et que je ressente l'envie de la retrouver.
C'est bon signe non ?
Pour parler "récit fantastique"... je dirai qu'à côté des innombrables auteurs qui choisiront la facilité de raconter leur histoire dans un monde rempli d'orcs, de nains et d’elfes... ça fait du bien de se plonger dans un univers réellement original et unique.