Patrick Cothias est un scénariste ayant fait ses preuves ("les 7 vies de l'Epervier"). Adamov quant à lui - à l'époque où sort ce premier volume du "Vent des Dieux" - est un jeune dessinateur singulier, venant de l'illustration, qui révélera dans "le Sang de la Lune" un style baroque et vigoureux, sortant clairement de l'ordinaire de la BD franco-belge. L'époque et l'univers de Japon féodal (même si le récit n'est pas précisément daté) sont fascinants, tout au moins pour moi, et en tout cas d'une formidable richesse fictionnelle. Pourtant, "le Sang de la Lune" ne fonctionne pas complètement. Est-ce le choix audacieux de la vulgarité des dialogues et de l’obscénité des images qui nous changent aussi bien de la théâtralisation lyrique de Kurosawa que des classiques du film de sabre ? Est-ce une certaine lourdeur dans la manière dont Cothias nous "enseigne" ce que nous devons savoir sur la culture de l'époque pour pouvoir saisir aussi bien les enjeux que les péripéties de son récit ? Est-ce plus simplement le fait que ce tome 1, qui se termine par la disparition du personnage principal, n'est guère qu'une sorte d'introduction à ce que l'on anticipe être un longue saga en devenir ? En tous cas, "le Sang de la Lune" manque curieusement de substance alors qu'il n'arrête pas d'interpeller notre curiosité, voire de choquer nos partis pris. A suivre, en tous cas, et sans aucune hésitation ! [Critique écrite en 2015]