Dans The Sculptor, Scott McCloud revisite le mythe de Faust et de Cúchulainn : David Smith est un artiste déchu qui n'arrive plus à créer, et semble avoir perdu tout espoir. La mort en personne lui propose un marché : lui donner le pouvoir de contrôler la matière comme il le souhaite. Mais cela a un prix : dans 200 jours, il mourra.
Ces 470 pages maîtrisées de bout en bout s'attaquent donc à plusieurs thèmes : le besoin de créer évidemment, la valeur de l'art aussi, celle du street art, toute la question du marché de l'art, mais aussi la recherche de l'amour et la crainte de la mort, avec ce décompte tragique des jours qu'il reste à vivre au héros.
Sans vouloir trop en dire, le personnage principal se rend également compte que ses pouvoirs vont au delà de la sculpture, et nous mène parfois dans des terrains assez étonnants.
Scott McCloud est connu pour ses BD qui expliquent les codes la bande dessinée (dans L'Art Invisible, notamment), et force est de constater que ces codes, il les connaît sur le bout des doigts, et en joue pour le plus grand plaisir des lecteurs. Son dessin est clair et net et plein de petits détails pour qui a eu la chance de visiter New York.
Le ton est tragique dès les premières pages, et malgré quelques moments légers, l'ambiance est plutôt pesante, avec un personnage constamment en lutte face à ses démons et sa peur de l'échec, puis, après son pacte, en lutte avec sa mort imminente.
Le petit point négatif à mentionner tout de même est le personnage féminin, qui rentre en plein dans le cliché de la "Manic Pixie Dream Girl" (si vous connaissez pas, googlez le, c'est un personnage qu'on retrouve dans plein d'oeuvres) et qui du coup rend le perso assez plat. Dommage parce qu'il est au coeur de l'intrigue.
C'était très prenant à lire, et j'ai eu plein de frissons, donc je ne peux que vous recommander cette oeuvre. Au prix de quelques larmes.