Le Sculpteur
7.4
Le Sculpteur

Roman graphique de Scott McCloud (2015)

Un peu comme tout amateur de BD un peu intéressé à la mécanique de la narration séquentielle figurative, j'ai eu l'occasion de lire l'Art Invisible de Scott McCloud. Et j'ai donc curieux de voir ce que le théoricien était capable de réaliser en pratique.


Et la conclusion est ambivalente. Nous sommes là face à un roman graphique (le terme, pour une fois, n'est pas inappproprié) de plus de 400 pages que j'ai lu d'une seule traite happé par l'histoire de cet artiste torturé qui a fait un pacte bien funèbre. Mais j'ai été aussi gêné par quelques aspects de l'histoire qui font que le Sculpteur n'est pas l'oeuvre forte qu'il aurait pu être.


La principale faute étant à mon sens un couple de héros beaucoup trop cliché L'homme torturé, mal dans sa peau qui retrouvera goût à la vie grâce une femme pétillante et positive est un trope bien connu (Manic Pixie Dream Girl). Et une fois que je l'ai repéré ma lecture n'a plus été la même, car il y avait une petite pointe de déception. McCloud a aussi décidé d'aborder un grand nombre de thématique (création, reconnaissance, valeur de l'art, amour, sacrifice, street art et j'en passe) mais au final alors que nous avons un pavé, rien n'est réellement approfondi et ça m'a un peu frustré.


Mais alors, vous me direz pourquoi un 8? Car malgré les clichés, l'aspect un peu brouillon des thématiques, je suis ressorti ému de cette lecture et c'est donc bien la preuve que McCloud a su taper juste et que c'est une oeuvre qui mérite, à mon sens, d'être lue.


La narration est fluide, efficace, il utilise de nombreux artifices propres au médium pour raconter son histoire, jouant avec le découpage, les couleurs et autres pour mettre en avant le message, l'émotion qu'il a envie de faire passer. Ce n'est jamais démonstratif, toujours au service de son récit et je pense qu'une deuxième lecture, détachée de l'intrigue serait fort instructive en terme de techniques narratives.


Graphiquement, le trait est simple, joli et dynamique, les scènes de création sont assez époustouflantes de vie et le choix d'une colorisation bleue est bien vu et réussi.

Gendar
8
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le 19 avr. 2015

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Gendar

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