Relativement peu connu chez nous, Doctor Strange est un des piliers de chez Marvel, même s'il est peu à peu devenu essentiellement un personnage secondaire, ayant très peu de séries à son nom. Pourtant, il y a quelques années, Brian K. Vaughan nous a offert un des meilleurs récits du Sorcerer Supreme : Doctor Strange: The Oath.
Wong, l'ami et fidèle serviteur de Strange, débarque en pleine nuit chez la Night Nurse, médecin attitré des héros, avec son maitre ensanglanté dans les bras. Strange s'est fait attaquer chez lui par un cambrioleur à la recherche de la dernière acquisition du magicien : une potion qui permettrait de guérir Wong, affligé par un cancer en phase terminale...
À bien des égards, The Oath s'impose comme le récit "parfait" concernant le personnage : à la fois récit des origines, oeuvre de caractérisation, renaissance, cette histoire parvient en outre à mettre en scène la substantifique moëlle du personnage, qu'il s'agisse de son caractère, de son rapport à la médecine, de ses liens avec Wong, Stephen Strange est ici esquissé avec énormément de bonheur. Tout au plus pourrait-on reprocher un trop grand classicisme au récit, avec des flashbacks placés là où il faut, un mystère pas fort compliqué à résoudre, un dilemme prévisible et une fin un brin désuète, mais tout cela semble constituer une véritable figure de style. The Oath s'inscrit dans la tradition et cherche à nous transporter dans une autre époque, une époque dans laquelle un magicien en cape et son domestique exotique ne constituent pas des figures dépassées et ridicules. Et finalement, c'est ce parti pris narratif qui donne toute sa pertinence au récit. Qui nous permet de réaliser que si le Doctor Strange est bel et bien un homme d'un autre âge, ce n'est pas pour autant qu'il ne peut pas nous faire rêver.
Je ne peux pas clore cette critique sans évoquer le dessin de Martin, qui parvient à donner vie à ce projet. Un trait épuré, des couleurs vives et une très grande maitrise du mouvement créent un univers graphique dans lequel on ne s'étonnerait pas de croiser des héros bien connus de la bande dessinée européenne. La nostalgie est palpable, et parfaitement pertinente pour ce récit anachronique qu'est The Oath.
Un très beau récit, nostalgique mais pourtant très moderne.