Le sommet des dieux, plus qu'une ode à la compétition ou à la liberté, est avant tout une œuvre sur l'orgueil. Centré sur le personnage de Hoba Joji, véritable légende du piolet et ouvreur de voies impavide, le manga déroule pendant ses cinq volumes l'histoire de ce japonnais obsédé par les sommets les plus insoumis. Si d'autres personnages, comme Fukamashi ou Tsuneo, partage les premières places de l'intrigue générale, c'est bien Hoba qui leur vole la vedette avec un charisme et un caractère fait de la plus dure des roches.

Si les dessins ne faiblissent jamais dans leur qualité tout au long du récit, le scénario subit quelques baisses de régime dans son rythme, dans la redondance de sa narration et un gros passage hors sujet (l'arc narratif sur l'enlèvement de la demoiselle). Mais ces défauts ne pèsent pas bien lourd face à la maestria du duo Yumemakura/Taniguchi et on se laisse emporter de sommet en sommet, dans les traces fugaces de ces alpinistes déterminés.

Si l'intrigue générale laisse la part belle à l'exploit sportif, la quête intérieure ou l'amitié, des voies détournées permettent d'aérer la narration sans asphyxier le lecteur par un rythme d'ascensions trop soutenu. Il découle une grande fluidité de l'ensemble et l’intérêt du lecteur est rarement pris en défaut.

Les dessins sont superbes, la puissance des montagnes et leurs reliefs particulièrement bien représentés. Les différents protagonistes sont tous identifiables au premier coup d’œil et possèdent tous leur charisme propre. Tout du moins pour les hommes car les femmes sont en retrait dans cette histoire où la virilité se dispute le sommet avec l'orgueil.

Si je devais émettre des regrets, je commencerais par la longueur. En densifiant le récit et en rabotant quelques éléments par trop artificiels, je pense que cette œuvre aurait atteint le sommet en quatre volumes. La dimension humaine de l'histoire occupe toute la place et je regrette un retrait parfois trop visible du contexte, de l'Histoire ou plus simplement de la technique de l'alpinisme et de son apprentissage.

Le sommet des dieux est un manga pour ceux qui pense que la bd nippon ça n'est que Dragon Ball. Il n'y a pas que les avalanches de coups qui peuvent tuer.
Alyson_Jensen
8
Écrit par

Créée

le 2 mars 2015

Critique lue 1.3K fois

8 j'aime

4 commentaires

Alyson Jensen

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

8
4

D'autres avis sur Le Sommet des dieux

Le Sommet des dieux
Halifax
10

Le Sommet des Dieux

Cinq tomes, plus de mille pages, des centaines de dialogues, de planches, de visages, de regards, de coups de piolets, de tempêtes, de nuages. Des heures de survies, d'héroïsmes, de conflits, de...

le 3 mars 2016

8 j'aime

1

Le Sommet des dieux
Alyson_Jensen
8

Second de cordée

Le sommet des dieux, plus qu'une ode à la compétition ou à la liberté, est avant tout une œuvre sur l'orgueil. Centré sur le personnage de Hoba Joji, véritable légende du piolet et ouvreur de voies...

le 2 mars 2015

8 j'aime

4

Le Sommet des dieux
lonnie_machin
9

Pourquoi gravir les montagnes ?

Le Sommet des Dieux est un manga sublime. Non seulement grâce aux dessins somptueux qui rendent parfaitement hommage aux plus belles montagnes de le planète mais aussi grâce à son histoire, lente,...

le 20 déc. 2018

6 j'aime

3

Du même critique

La Horde du contrevent
Alyson_Jensen
9

Le 24ème hordier

# Ajen, lectrice Jusqu'au bout. Je n'ai guère de souvenirs de ma rencontre avec la 34ème horde. Tout était dévasté. Ou en passe de l'être. Oroshi m'expliqua par la suite que nous avions survécu au...

le 16 mai 2017

110 j'aime

13

Everest
Alyson_Jensen
4

Les sous-doués passent l’Everest

Everest, le dernier film de Baltasar Kormakur, nous propose une adaptation du récit de John Krakaueur, Tragédie à l’Everest. Basé sur la catastrophique expédition de 1996 qui coûta la vie à 8...

le 14 janv. 2016

73 j'aime

10

What Remains of Edith Finch
Alyson_Jensen
8

La mort vous va si bien

What remains of Edith Finch se présente comme un simulateur de marche comme il en pleut ces dernières années sur nos machines de bourgeois. Développé par le studio Giant Sparrow, déjà à l’œuvre sur...

le 8 juin 2017

60 j'aime

3